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Arnaud Montebourg défend son bilan "made in France" à Bercy

Cinq jours après son éviction du gouvernement, Arnaud Montebourg a défendu samedi à la tribune de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle son bilan au ministère de l'Economie, faisant l'éloge de l'intervention de l'Etat et fustigeant l'austérité "qui peut nous mener à l'échec". /Photo prise le 30 août 2014/REUTERS/Stéphane Mahé

LA ROCHELLE Charente-Maritime (Reuters) - Cinq jours après son éviction du gouvernement, Arnaud Montebourg a défendu samedi son bilan au ministère de l'Economie, faisant l'éloge de l'intervention de l'Etat et fustigeant l'austérité "qui peut nous mener à l'échec". "Les responsables politiques et les hommes d'Etat n'ont pas toujours vocation à se taire et c'est parfois même leur destin de se faire congédier quand ils ont parfois, pas toujours, raison", a-t-il lancé à la tribune de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle. Après plus de deux ans au gouvernement, Arnaud Montebourg a quitté lundi l'équipe dirigée par Manuel Valls, dont il avait désapprouvé publiquement les choix économiques. Il a été remplacé par Emmanuel Macron, ancien banquier et ex-conseiller du président François Hollande. Des applaudissements et quelques huées ont accompagné l'arrivée d'Arnaud Montebourg à la tribune de La Rochelle, où il est intervenu aux côtés du ministre des Finances Michel Sapin, du président du conseil de surveillance de PSA, Louis Gallois, de la maire de Paris Anne Hidalgo et de l'ancien syndicaliste devenu député européen PS, Edouard Martin. Chantre du "redressement productif", l'ancien ministre a fait l'éloge de "l'intervention de l'Etat dans l'économie" et du "made in France, une bataille culturelle que nous sommes en train de gagner face aux libéraux". "PATRIOTISME ECONOMIQUE" "Nous avons bâti le patriotisme économique du quotidien", s'est félicité l'homme qui avait mis en avant cette notion pour intervenir dans le dossier Alstom au printemps. "Je publierai le florilège de lettres de remerciement que j'ai reçues". Il a donné l'exemple des relocalisations sur le territoire français du constructeur automobile Renault et salué la création de la Banque publique d'investissement "qui a en portefeuille environ 3.000 prises de participation" dans des entreprises. Comme dimanche dernier à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), Arnaud Montebourg a cité de grands économistes qui réclament une relance de la zone euro. En l'occurrence Paul Krugman, lauréat du prix Nobel, selon qui "la France prend des remèdes qui aggravent le mal". "Nous avons échoué collectivement, dans cette zone euro, à recréer de la croissance", a dit l'ancien ministre. "Nous sommes menacés d'entrer dans la mécanique de l'austérité: plus on prend des mesures restrictives, moins on obtient de résultats, et plus on reprend des mesures restrictives". "Il faut, l'Union européenne comme la France, agir pour infléchir le chemin qui malheureusement peut nous mener, aujourd'hui, à l'échec", a conclu Arnaud Montebourg. Evoquant l'action de l'ancien ministre, Louis Gallois a dit s'être "reconnu dans sa politique industrielle, son énergie". Michel Sapin a lui aussi salué le "travail extraordinaire" d'Arnaud Montebourg tout en rappelant les "responsabilités" de la France et les "réformes indispensables" à mener en maîtrisant les finances publiques. "Qui ici -je l'espère personne, pense que nous allons sortir la France de la situation d'aujourd'hui uniquement par l'augmentation des déficits?", s'est interrogé le ministre des Finances. "Si c'était le cas, le grand champion du redressement de la France s'appellerait Nicolas Sarkozy, qui est celui qui a creusé le plus fortement le déficit de la France au cours des vingt dernières années. Donc prenons nos responsabilités." (Elizabeth Pineau, édité par Grégory Blachier)