Arménie. Le Premier ministre et le peuple contre le Parlement

La crise politique en Arménie se poursuit. Au soir du 2 octobre, cinq mois après son accession au pouvoir, Nikol Pachinian, leader du mécontentement populaire durant le printemps dernier, Premier ministre sans majorité au Parlement, en costume-cravate mais affublé de sa casquette “révolutionnaire”, est de nouveau descendu dans la rue. Sous sa houlette, les 50 000 manifestants présents ont bloqué le Parlement à Erevan.

Les députés, dominés par l’ancienne formation au pouvoir toujours majoritaire (le Parti républicain de l’ex-président Serge Sargsian), étaient réunis au même moment en séance extraordinaire et adoptaient des amendements empêchant la dissolution du Parlement et la convocation d’élections anticipées.

Or, pour asseoir son pouvoir et conduire sa politique, Pachinian a besoin, comme il l’avait déclaré dès ses premiers meetings au printemps, d’organiser des élections anticipées avant la fin de 2018. Durant le rassemblement, équipé d’un mégaphone, il a vertement critiqué le vote des députés. Il est même allé plus loin en signant un oukase (décret) limogeant de leurs fonctions des ministres et gouverneurs issus de partis qui l’avaient soutenu au printemps mais qui cette fois ont voté pour les amendements.

Un seul moyen restait à la disposition de Pachinian pour arriver à ses fins : démissionner, auquel cas le Parlement doit élire un nouveau Premier ministre. Si un nouveau chef de gouvernement n’est pas élu au bout de deux semaines, le Parlement est dissous et des élections ont lieu. C’est la proposition que Pachinian a faite aux députés au bout de trois heures de siège du bâtiment de l’Assemblée. Mais, le 3 octobre au soir, le Parlement a refusé ces conditions et réaffirmé son hostilité envers des élections anticipées.

Un parlement “contre-révolutionnaire”

“Pour les partisans de Pachinian, ce combat oppose la révolution à la contre-révolution. Pour les parlementaires, cela constitue une pression inacceptable sur un organe législatif [dans une république parlementaire depuis 2015]”, analyse le titre arménien Novoïé Vremia.

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