Armées: Philippe défend la "sincérité budgétaire" de l'exécutif

Edouard Philippe est intervenu mardi dans le débat sur le budget des armées françaises, que l'opposition juge amputé au mépris des engagements présidentiels, en opposant la "sincérité budgétaire" du gouvernement aux "vaines polémiques". /Photo prise le 13 novembre 2018/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - Edouard Philippe est intervenu mardi dans le débat sur le budget des armées françaises, que l'opposition juge amputé au mépris des engagements présidentiels, en opposant la "sincérité budgétaire" du gouvernement aux "vaines polémiques".

Le collectif budgétaire 2018, adopté dans la nuit de lundi à mardi par les députés, prévoit quelque 400 millions d'euros supplémentaires pour les opérations extérieures (Opex) mais annule l'équivalent en crédits de réserve, ce qui revient à faire supporter au seul ministère des Armées la charge des Opex, en contradiction avec la loi de programmation militaire 2019-2025.

L'entourage de la ministre des Armées Florence Parly n'a pas caché son dépit face à cette entorse au principe établi de solidarité interministérielle prévalant jusqu'alors pour le financement des surcoûts des Opex et missions intérieures. Mais il a assuré que cette disposition n'aurait aucune incidence pour les militaires en termes d'équipements.

Le député (Les Républicains) François Cornut-Gentille, rapporteur spécial des crédits de la Défense, a pris la tête d'une fronde parlementaire contre ce qu'il qualifie de "coup de poignard", défendant lundi soir sans succès un amendement demandant de revenir sur les "ouvertures et annulations de crédits au sein de la mission 'Défense'".

Face au trouble, qui a gagné les rangs militaires, Florence Parly a publié une mise au point mardi dans Le Figaro contre "les contempteurs de la remontée en puissance historique du budget des Armées", assurant que la "gestion rigoureuse des moyens" n'aurait "aucune conséquence pour nos forces".

"UNE DÉCISION INIQUE"

L'argumentaire, qui met en exergue une hausse annuelle sans précédent de 1,6 à 1,7 milliard du budget de la Défense pour les années à venir, n'a pas suffi.

Mardi, François Cornut-Gentille a interpellé solennellement le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée, le rappelant à "la crédibilité de la parole de l'exécutif".

"Des militaires qui risquent leur vie au nom de la France ont moins besoin d'hommages que du respect de la parole donnée", a-t-il lancé en dénonçant "une décision inique de Bercy."

Rappelant "l'effort considérable" du nouvel exécutif pour les armées, Edouard Philippe a défendu "un exercice utile de sincérité budgétaire" rompant avec les pratiques anciennes.

"Pendant très longtemps, la gestion du ministère des Armées était caractérisée, comme d'ailleurs beaucoup d'autre ministères, par des estimations insincères sur les provisions à passer", a-t-il plaidé, rappelant un taux moyen de gel des dépenses de l'ordre de 8 à 12%. Un taux fixé désormais à 3%.

"Nous avons constaté (...) que le montant des Opex à financer pouvait parfaitement être pris en compte par le ministère des Armées. J'en veux pour preuve qu'en dégelant les sommes des 3%, il restera encore de l'argent à engager à la fin de l'exercice budgétaire", a dit le chef du gouvernement.

La solidarité interministérielle "est un mécanisme qui a été utilisé quand le ministère des Armées n'arrivait pas à prendre en charge le surcoût des Opex, parce que les sommes étaient mal budgétées et parce que le budget n'était pas bien exécuté", a-t-il conclu, décernant un satisfecit à Florence Parly, qui était mardi en déplacement au Mali.

(Sophie Louet, édité par Myriam Rivet)