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Areva lance avec EDF la première phase de son plan de sauvetage

EDF et Areva ont dévoilé un protocole d'accord prévoyant la cession à l'électricien public de 51% à 75% des activités réacteurs du groupe nucléaire (Areva NP) sur la base d'une valorisation de la société de 2,7 milliards d'euros. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wojazer

par Benjamin Mallet PARIS (Reuters) - EDF et Areva ont dévoilé jeudi un protocole d'accord prévoyant la cession à l'électricien public de 51% à 75% du capital d'Areva NP, qui regroupe les activités réacteurs du groupe nucléaire, sur la base d'une valorisation de la société de 2,7 milliards d'euros. Areva lance ainsi la première phase de son plan de sauvetage, qui inclut également d'importantes réductions d'effectifs et une recapitalisation par l'Etat français dont le groupe prévient qu'elle sera "significative". En Bourse, après ces annonces, l'action Areva gagne 6,98% à 10h30, tandis qu'EDF prend 1,8%. L'accord avec EDF prévoit qu'Areva conservera un maximum de 25% de NP et que d'autres partenaires minoritaires pourront entrer au capital de la société, chargée de la construction des réacteurs, de l'assemblage des combustibles et des services à la base installée. EDF et NP seront en outre "totalement immunisés" contre tout risque lié au réacteurs EPR en cours de construction en Finlande, a précisé l'électricien public. "C'est un changement structurel de la filière nucléaire française de réacteurs. Désormais, il n'y aura plus qu'une seule direction stratégique, une seule politique produits, une seul organisation de nos efforts à l'exportation", a souligné son PDG Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence téléphonique. EDF a confirmé que la prise de contrôle d'Areva NP, pour laquelle il prévoit une offre ferme au dernier trimestre 2015 et une finalisation au deuxième semestre 2016, aurait un impact neutre sur son cash-flow 2018. Si le groupe achetait 75% de NP, sous réserve d'ajustement ultérieurs, il débourserait quelque 2 milliards d'euros. Areva a de son côté fait savoir que la finalisation de l'opération était notamment soumise à une issue favorable dans le cadre des vérifications en cours sur la cuve de l'EPR en construction à Flamanville (Manche). La vente de l'activité réacteurs, ainsi que d'autres cessions pour 400 millions d'euros et des éléments de financement propres à l'entreprise, visent à couvrir ses besoins à hauteur de 3,6 milliards d'euros pour la période 2015-2017, sur un total de 7 milliards nécessaires. Areva, détenu à 87% par l'Etat français, estime ainsi qu'il aura besoin d'une augmentation de capital "significative" et ajoute que l'opération, dont la taille sera précisée "au plus tard à la mi-novembre" pour une levée de fonds prévue pour 2016, "sera ouverte à l'ensemble des actionnaires". UNE SOCIÉTÉ DÉDIÉE AUX NOUVEAUX RÉACTEURS "L'augmentation de capital aura à la fois pour vocation de contribuer aux 3,4 milliards d'euros (nécessaires pour atteindre 7 milliards d'ici à fin 2017), mais également de donner au groupe un profil financier lui permettant de faire face à son financement à moyen terme", a déclaré son directeur général Philippe Knoche, lors d'une conférence téléphonique. Areva a aussi annoncé les bases d'un accord en vue de signer avec EDF des contrats portant sur la fourniture de services de conversion pour la période 2019-2030, de services d'enrichissement pour 2019-2030 et d'activités de traitement-recyclage pour 2016-2030. L'accord Areva-EDF prévoit également la création d'une société dédiée aux projets de nouveaux réacteurs, détenue à 80% par EDF et à 20% par NP, ayant pour vocation d'améliorer la préparation et la gestion des projets et les offres de la filière française à l'export. Areva a en outre annoncé l'arrivée de Bernard Fontana, patron du cimentier suisse Holcim jusqu'à sa récente fusion avec le français Lafarge, à la présidence d'Areva NP. Au titre des six premiers mois de 2015, le groupe a publié une perte nette de 206 millions d'euros (contre -694 millions un an plus tôt), un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 306 millions (+26%) et un chiffre d'affaires de 1,9 milliard (+6,3% à périmètre et changes constants). Areva a confirmé viser pour 2015 un cash-flow net, hors plan de compétitivité et coûts de mise en oeuvre associés, compris entre -1,7 et -1,3 milliard d'euros. Alors que son plan prévoit un milliard d'euros d'économies avec 5.000 à 6.000 suppressions de postes d'ici fin 2017, dont 3.000 à 4.000 en France, le groupe pense être en mesure d'engager début octobre la négociation d'une procédure de départs volontaires pour six de ses sociétés en France. EDF a de son côté enregistré au titre du premier semestre un résultat net part du groupe de 2,5 milliards d'euros (-0,2%), un Ebitda de 9,1 milliards (+3,6%) et un chiffre d'affaires de 38,4 milliards (+6,3%). Il vise toujours pour 2015 un Ebitda en croissance organique de 0 à 3% et a renouvelé son ambition de générer un flux de trésorerie (cash-flow) positif en 2018 après dividendes (hors projet Linky). (Edité par Dominique Rodriguez)