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«Aretha a chanté son époque, avec son époque, et pour son époque» La professeure d’études afro-américaines à Yale Daphne Brooks, qui a tenu des conférences sur la chanteuse, explique comment, outre son combat pour les droits civiques, celle-ci s’est battue pour faire émerger un féminisme noir.

Daphne Brooks, 49 ans, professeure d’études afro-américaines à l’université Yale, écrit sur la question raciale, le genre et la musique populaire. Elle a notamment travaillé sur le parcours d’Aretha Franklin pour son livre Subterranean Blues : Black Women and Sound Subcultures (à paraître) et a donné plusieurs conférences sur la Queen of Soul, qu’elle a rencontrée à l’occasion d’une lecture à Princeton qui lui était dédiée. Elle s’intéresse particulièrement aux moments où les artistes afro-américaines se retrouvent à la croisée entre les révolutions musicales et la grande histoire nationale, Aretha Franklin étant la figure typique de ces intersections.

Que représente Aretha Franklin pour vous ? Quels sont vos premiers souvenirs d’elle ?

J’ai grandi dans les années 70 en Californie, dans une famille qui écoutait de la musique en permanence alors qu’elle avait déjà acquis le statut de «Queen of Soul». Elle a toujours été omniprésente dans mon monde.

Comment est-elle devenue l’un des objets de vos recherches ?

La musique d’Aretha Franklin, c’est le son de la conquête des droits civiques, du Black Power, ce mélange de joie, de blackness, ce sens de la fierté, notre héritage afro-américain. Elle a su transmettre cette beauté intérieure dans ses chansons.

Quels sont les liens entre Aretha Franklin et le mouvement de lutte pour les droits civiques ?

Ils sont nombreux. Son père, C.L. Franklin, était ce pasteur très célèbre à Detroit et son église, la New Bethel Baptist Church, un haut lieu du combat pour les droits civiques. Il galvanisait un public noir à travers ses sermons diffusés à la radio pendant les années 50 [puis commercialisés sur disque, ndlr]. Il accueillait Martin Luther King lors de ses séjours à Detroit. Aretha Franklin a d’ailleurs accompagné ce dernier à plusieurs manifestations et chanté lors de ses funérailles. Mais cette connexion ne se limite pas à ces liens familiaux. Sa musique, elle aussi, s’inscrit dans ce contexte historique. Il y a, bien sûr, son ADN (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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