"Les archéologues du futur ne retrouveront aucune trace de nos bâtiments actuels"

Si le béton est le matériau de choix pour construire nos bâtiments, il est également très polluant. Une nouvelle forme d’économie circulaire doit se mettre en place face aux défis climatiques, avertit la spécialiste Valérie L'Hostis.

Valérie L’Hostis est experte dans le comportement et le vieillissement des matériaux. Depuis 2020, elle est en charge des partenariats institutionnels à la direction des programmes Energie du CEA. Sciences et Avenir l'a rencontrée le 4 novembre 2023, à l'occasion des Utopiales de Nantes.

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Sciences et Avenir : Aux Utopiales 2023, vous avez participé à une conférence sur l'archéologie du futur. Quels monuments allons-nous léguer à nos descendants ?

Valérie L’Hostis : Difficile à prévoir, mais il y a de grandes chances que les archéologues du futur ne retrouvent rien de nos ouvrages actuels.

En revanche, il leur restera des traces de ceux d'hier, les pyramides, les cathédrales qui étaient alors édifiées pour durer dans le temps, et dans l'absolu pour l'éternité puisqu'il s'agissait d'édifices religieux.

Avec des collègues, nous avions fait des analyses sur des cathédrales vieilles de mille ans et nous nous sommes rendus compte, en prélevant des pierres de piliers, qu'elles étaient armées, qu'elles contenaient une armature en acier. Du coup, cela a permis d'éclairer un peu les méthodes de construction de l'époque qui nous sont encore largement inconnues parce que nous ne disposons pas de leurs modes d'emploi.

Mais, cela montre que, déjà cette époque, les constructeurs avaient trouvé le moyen de renforcer de grandes structures.

Autre exemple, bien plus ancien, le panthéon de Rome avec cette structure en dôme faite d'un béton romain et qui possédait des parties plus ou moins rigides mécaniquement. Il y avait déjà cette réflexion sur la façon dont le matériau allait pouvoir être formulé pour résister au temps.

A l'époque, et encore plus tôt, chez les Egyptiens ou les Mésopotamiens, les ouvrages étaient très massifs, gigantesques, et c'est pour cela qu'ils résistent au temps.

Mais, les archéologues du futur, dans 2000 ans, ne retrouveront rien de nos édifices à nous. Parce que nous les construisons avec une date de péremption.[...]

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