Les arbres et les rivières vont bientôt avoir des droits juridiques comme les humains
L’Institut de recherche pour le développement (IRD) a choisi, pour ses 80 ans fêtés ce 7 octobre à Marseille, de réfléchir, entre autres thématiques de recherche, sur les "droits de la nature". Signe que ce sujet est entré pleinement dans les préoccupations de l’Institut en matière de sciences de la durabilité. Fleuves, lacs, mers, montagnes peuvent-ils quitter leur statut d’objet pour devenir des "sujets de droit" ?
Partout où il est présent dans le monde, l’IRD est confronté à la question de nature. La réalisation des 17 objectifs du développement durable (ODD) constitue en effet une boussole pour l’organisme. La santé pour tous, la préservation de la biodiversité, la lutte pour le climat, l’éradication des maladies vectorielles, l’éducation pour tous, l’égalité des genres sont quelques-uns des buts à atteindre en 2030.
Ils ont été définis par les 195 Etats membres de l’ONU en 2015. Leur ensemble constitue le seul moyen de résoudre la crise écologique en cours. Les atteintes à l’environnement, le changement climatique, l’érosion de la biodiversité affectent en effet directement le bien être, la santé, les conditions de vie des 7 milliards d’hommes, avec des impacts encore plus exacerbés sur les populations les plus pauvres et les pays en voie de développement.
Pourtant, les déforestations, les destructions de milieux naturels, l’extraction minière et pétrolière continuent sans qu’on prenne en compte ces équilibres naturels dont l’homme dépend. "Surtout depuis Descartes, même s’il n’est ni le premier ni le seul à avoir contribué à cette idée, la nature est un objet que l’humain peut exploiter à sa guise, constate Victor David, chercheur et juriste en droit et sciences sociales à l’IRD. Or, cette logique productiviste bute aujourd’hui sur les limites mêmes de la planète. On constate que la croissance n’est pas infinie."
Aujourd’hui, les animaux, les plantes, les sols, l’air que l’on respire, l’eau, n’ont aucun droit. Le droit appartient aux humains. Il leur confère une personnalité juridique qui leur permettent de défendre leurs intérêts vis-à-vis d’autrui mais aussi vis-à-vis des "objets" dont ils se considèrent propriétaires : terres, animaux, plantes, forêts, lacs, etc.
Dans le respect des lois du pays, l’humain peut en faire ce qu’il veut. "Longtemps seuls les hommes étaient sujets de droit, les femmes ne les ont rejointes réellement qu’au 20e siècle, rappelle Victor David. [...]