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Après le "non" grec, la reprise des discussions est l'enjeu n°1

par Renee Maltezou et John O'Donnell ATHÈNES (Reuters) - Au lendemain de la nette victoire du "non" au référendum grec, la démission du ministre des Finances, Yanis Varoufakis, entretient l'espoir d'une reprise des négociations entre Athènes et ses créanciers pour éviter une faillite du pays et sa sortie de la zone euro. Yanis Varoufakis, auquel son attitude et son discours valaient l'inimitié de bon nombre de ses homologues de l'Eurogroupe, a expliqué son départ en disant avoir été informé d'une "certaine préférence" de plusieurs membres de la zone euro pour son "absence" aux réunions ministérielles. "J'estime qu'il est de mon devoir d'aider Alexis Tsipras à exploiter, comme il le jugera adéquat, le capital que le peuple grec nous a accordé lors du référendum d'hier (dimanche)", a-t-il écrit sur son blog. "Et j'assumerai avec fierté le mépris des créanciers." Le nom du remplaçant de Yanis Varoufakis n'est pas encore connu mais Euclide Tsakalatos, l'actuel coordonnateur des négociations avec les créanciers, est considéré comme favori; le nom de Georges Stathakis, le ministre de l'Economie, a également été cité. Si certains observateurs et dirigeants politiques européens voient la victoire à plus de 61% du "non" dimanche comme une étape vers la sortie de la Grèce de la zone euro, d'autres espèrent que le gouvernement grec et ses créanciers reprendront rapidement les pourparlers. LE SORT DES BANQUES GRECQUES DÉPEND TOUJOURS DE LA BCE Dimanche soir, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a salué un choix "très courageux" des électeurs grecs en ajoutant: "Le mandat que vous m'avez confié n'est pas un mandat de rupture avec l'Europe mais un mandat qui renforce notre position de négociation afin de chercher une solution viable". Les ministres des Finances de l'Eurogroupe se réuniront mardi à 13h00 et les 18 partenaires de la Grèce attendent d'elles de nouvelles propositions, a déclaré dans un communiqué le président de l'instance, Jeroen Dijsselbloem. L'Eurogroupe doit être suivi d'une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro à 18h00. Dans l'immédiat, c'est à la BCE qu'il appartient de prendre la première décision importante de l'après-référendum, en décidant d'une éventuelle évolution de son soutien au système bancaire grec. L'institution de Francfort a pour l'instant maintenu la fourniture de liquidités aux banques helléniques, indispensable à la poursuite de leur activité, et son Conseil des gouverneurs devait réexaminer la situation dans l'après-midi. Les banques grecques restaient fermées lundi pour le huitième jour consécutif et leur réouverture mardi, promise par Alexis Tsipras la semaine dernière, n'a pas été confirmée. Au-delà de l'apport de liquidités aux banques, la BCE aurait également son mot à dire sur d'éventuelles discussions à venir incluant la question d'une restructuration de la dette grecque. Or le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui siège au Conseil des gouverneurs à Francfort, a rappelé qu'il était impossible de restructurer la dette d'un Etat à la BCE, "parce que ce serait un financement monétaire d'un Etat contraire à l'article 123" du traité européen de Lisbonne. Sur le plan politique, le porte-parole du gouvernement allemand n'a pas exclu une reprise des discussions avec Athènes tout en jugeant que les conditions n'étaient pas encore réunies. LA RÉDUCTION DE LA DETTE GRECQUE DIVISE TOUJOURS Berlin explique attendre qu'Athènes clarifie sa position, et juge que la question d'une éventuelle réduction de dette n'est pas à l'ordre du jour. La chancelière Angela Merkel est attendue en fin de journée à Paris pour un entretien et un dîner de travail avec le président français François Hollande, une occasion de rapprocher les positions des deux pays sur ce dossier au coeur de l'avenir de la zone euro. "Comme toujours, nous recherchons une approche commune en vue du sommet de la zone euro", dit-on de source diplomatique française. Des divergences entre Paris et Berlin sont apparues au grand jour la semaine dernière, la France prônant notamment la recherche d'un accord avant le référendum de dimanche alors que l'Allemagne disait vouloir attendre le résultat du scrutin. Plus largement, les positions exprimées lundi par les capitales européennes vont dans le sens d'un apaisement prudent. Le porte-parole du gouvernement allemand a ainsi assuré que la porte restait ouverte à une reprise des pourparlers tout en précisant que "les conditions pour entamer des négociations sur un nouveau programme d'aide ne sont pas encore réunies". Dimanche soir, le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel s'était montré nettement plus ferme, jugeant qu'Alexis Tsipras avait "coupé les derniers ponts" entre la Grèce et l'Europe. Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a dit espérer que les réunions de mardi à Bruxelles permettraient de trouver "une solution définitive pour résoudre cette urgence". A Madrid, où la victoire du "non" en Grèce réjouit le parti anti-austérité Podemos à moins de six mois des élections législatives, le ministre de l'Economie, Luis De Guindos, a assuré que la Grèce devait rester membre de la zone euro malgré le "non" de dimanche. Sur les marchés financiers, l'impact du résultat du référendum a été amorti par la démission de Yanis Varoufakis et l'espoir d'une reprise des pourparlers. En début d'après-midi, l'indice boursier paneuropéen FTSEurofirst 300 limitait son recul à 0,9% alors que les toutes premières indications en début de matinée le donnaient en baisse de près de 3%. L'euro se maintenait au-dessus de 1,10 dollar après un plus bas à 1,0970 en début de journée en Asie. (avec Yann Le Guernigou et Julien Ponthus à Paris et les bureaux européens de Reuters, Marc Angrand pour le service français)