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Après un échec retentissant sur l'Obamacare, cap sur la réforme fiscale

par David Morgan WASHINGTON (Reuters) - Après le revers cuisant infligé vendredi à Donald Trump sur l'abrogation de l'Obamacare, le Congrès se tourne vers un autre volet du programme du républicain, la réforme du code fiscal, en dépit des divisions mises à jour au sein des républicains. Donald Trump a exprimé vendredi sa déception après avoir été contraint de retirer le texte de loi abrogeant l'Obamacare et réformant le système de la couverture santé aux Etats-Unis, faute d'obtenir une majorité à la Chambre des représentants. S'exprimant depuis la Maison blanche, le président des Etats-Unis s'est dit étonné, déçu et a déclaré "avoir beaucoup appris à propos de la loyauté" lors de cette tentative de convaincre les parlementaires d'approuver son projet phare, conclue par un premier camouflet législatif. Bien qu'il dispose de la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat, il a expliqué ce revers par l'opposition des démocrates. "C'est peut-être la meilleure chose qui pouvait nous arriver, car nous allons finir avec un projet de loi vraiment excellent dans le futur, quand cette pagaille connue comme l'Obamacare aura explosé", a-t-il déclaré. Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a dressé un bilan plus sévère de l'épisode, qui met en doute sa capacité à unir les républicains sur les grands chantiers législatifs voulus par Trump. "Je ne vais pas édulcorer cela. C'est un jour décevant pour nous. Faire de grandes choses est difficile", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, évoquant les "douleurs de croissance" dont souffriraient les républicains dans leur transition d'un parti d'opposition vers un parti de gouvernement. "Dans un avenir prévisible, nous allons vivre avec l'Obamacare", a-t-il ajouté. Le site ultra-conservateur Breitbart rapportait jeudi sans citer de source que les républicains "discutaient ouvertement" de lui trouver un successeur. Plusieurs représentants ont rejeté ces allégations et Donald Trump a répété son soutien à Ryan. ENGAGER LA RÉFORME FISCALE En privé, Donald Trump a confié à des proches qu'il aurait dû engager la réforme fiscale avant de se lancer dans l'abrogation de l'Obamacare. "Nous allons probablement nous occuper de la réforme fiscale maintenant. C'est la prochaine chose que nous allons faire", a-t-il dit. Pour le président républicain du comité fiscal de la Chambre, Kevin Brady, l'échec de vendredi est susceptible de compliquer la tâche: "Ca a rendu un grand défi plus difficile. Mais ce n'est pas insurmontable", a-t-il déclaré à Fox News, tout en assurant de son engagement ainsi que celui de Paul Ryan. Selon Brady, les républicains prévoient de commencer à préparer la réforme au printemps, pour faire adopter un texte avant la pause estivale de la fin du mois de juillet. Trump a promis de stimuler les exportations par le biais de réformes fiscales. Il ne s'est toutefois pas prononcé sur une des propositions républicaines les plus controversées, l'idée d'une taxe d'ajustement à la frontière, qui diminuerait les tarifs à l'exportation et les augmenterait à l'importation. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a estimé vendredi que la réforme fiscale serait "bien plus simple" que celle de l'assurance santé. "Nous sommes en mesure de prendre le code fiscal et de remanier des choses et je pense qu'il y a un très fort soutien", a-t-il déclaré lors d'un événement organisé par le site de médias Axios. La refonte de la fiscalité, voulue par de nombreux présidents depuis la dernière grande réforme accomplie par Ronald Reagan en 1986, a résisté à plusieurs administrations, du fait de sa complexité et de l'existence de nombreuses niches fiscales. Le comité fiscal de la Chambre travaille depuis 2016 à abaisser à 20%, contre 35% actuellement, le taux de l'impôt sur les sociétés, à mettre fin à la taxation des bénéfices perçus à l'étranger par les multinationales américaines, ainsi qu'à réduire d'autres formes de taxation sur les entreprises et les investisseurs. (Susan Cornwell, David Lawder et Steve Holland; Pierre Sérisier et Julie Carriat pour le service français)