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Après le séisme du Teil, en Ardèche, va-t-on vers une réévaluation du risque sismique en France?

Une maison détruite par le tremblement de terre du lundi 11 novembre, au Teil, en Ardèche - Jeff Pachoud - AFP
Une maison détruite par le tremblement de terre du lundi 11 novembre, au Teil, en Ardèche - Jeff Pachoud - AFP

Il était aux alentours de midi, le 11 novembre passé, lorsque le Sud-Est de la France a violemment tremblé. De manière totalement imprévisible, un séisme de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter a frappé la région, et l'épicentre a été localisé à proximité de la commune ardéchoise du Teil. Les secousses avaient alors été ressenties en Ardèche, mais aussi dans la Drôme voisine et dans la vallée du Rhône.

Mais c’est pourtant bien cette localité d’un peu moins de 9000 âmes qui a été la plus violemment touchée par le tremblement de terre. Quelques heures après le phénomène, alors qu’aucune perte humaine n’était à noter, le maire de la commune, Olivier Peverelli, dressait un bilan des graves dégâts. "Une trentaine de maisons ont été détruites et une bonne centaine auront besoin de réparations lourdes", détaillait-il.

Aujourd'hui, Le Teil tente toujours de panser ses blessures. Ces derniers jours, la destruction des bâtiments trop gravement touchés par le séisme a débuté, signale France-3 Régions.

Quel risque sismique en France?

Neuf mois plus tard, de nombreux scientifiques s'échinent encore pour comprendre les causes du séisme. Selon les premières constatations, le phénomène est dû à la rupture de la "faille de Rouvière", qui tient son nom d'un hameau voisin, qui se serait produite entre 1 et 3 kilomètres de profondeur. Cette faille est héritée d'une phase d'extension de la croûte terrestre il y a 20 à 30 millions d'années.

Comme le précisait alors le média Ciel et Espace, des observations du satellite européen Sentinel-1 avaient permis d'estimer que le sol s'était affaissé de 4 cm au nord de la faille, et élevé de 8 centimètres au sud.

Seul problème, cette fameuse "faille de Rouvière" n'était, au moment des faits, pas placée sous surveillance de sismologues car jugée inactive depuis de nombreuses années. Dans une étude publiée ce jeudi, plusieurs chercheurs du CNRS estiment que cette situation suggère "la possibilité que d'autres failles anciennes puissent être réactivées en France ou en Europe de l’Ouest" et appellent ainsi à une réévaluation du risque sismique dans ces régions.

"En France, il y a 5 ou 6 failles, peut-être une dizaine de zones où on peut se poser la question, dont la faille sud-armoricaine (en Bretagne, ndlr), celle d'Artois (dans le nord de la France, ndlr), ou dans le Mercantour. Des collègues sont en train de les analyser", explique auprès de BFMTV.com Jean-François Ritz, chercheur au CNRS et l'un des auteurs de ces travaux.

L'utilisation de la paléosismologie

Alors pour mieux évaluer le risque sismique en France et Europe de l'Ouest, de nombreux chercheurs dont Jean-François Ritz estiment que le développement de la paléosismologie est nécessaire. Cette dernière est l'étude des traces laissées dans les dépôts géologiques récents par d'anciens séismes, en profondeur, à l'inverse des surveillances actuelles qui restent pour la plupart en surface. "Jusqu'à maintenant, la paléosismologie n'est pas tellement en compte", explique encore le chercheur, qui revient sur les raisons pour lesquelles le séisme du Teil a surpris les spécialistes.

"On n'a pas vu parce que dans la morphologie du terrain, il n'y avait pas de traces de mouvement, elles étaient trop petites ou anciennes, il n'y avait pas de marqueurs, il n'y avait pas d'activité en surface", reprend encore Jean-François Ritz.

Comme le précise l'Agence France presse, pour les chercheurs, le fait que l'on n'ait pas vu de signe d'activité sur la faille de La Rouvière ne veut pas forcement dire qu'elle n'a pas bougé, mais peut-être plutôt que "l'analyse de surface ne suffit pas à caractériser si une faille est active ou non".

Pour affiner la prédiction des séismes, plusieurs équipes ont d'ailleurs entamé des investigations paléosismologiques et recherchent des traces d'anciens séismes dans les profondeurs.

"Nous allons le faire sur la faille des Cévennes, sur laquelle a eu lieu le séisme du Teil, mais aussi sur d'autres réseaux en France ou dans la partie ouest européenne", conclut Jean-François Ritz.

Article original publié sur BFMTV.com