Après le rejet de Macron, le Nouveau Front populaire fait bloc malgré les tentatives de fragmentation

Si le chef de l’État espère toujours pouvoir fracturer le Nouveau Front populaire en attirant à lui certains socialistes ou écologistes, la gauche joue la carte de l’unité.

Une unité à toute épreuve ? Depuis sa création, le Nouveau Front populaire a subi plusieurs mini-secousses mais demeure plus soudé que jamais. Quand Emmanuel Macron fait savoir le 26 août dans un communiqué qu’il ne nommera pas Lucie Castets à Matignon, la gauche dans son ensemble dénonce « un déni de démocratie » et « un coup de force » présidentiel.

Emmanuel Macron somme (sans le dire) le NFP de se dissoudre, et aggrave la crise

Du côté du chef de l’État, il est clair que l’objectif est de fracturer la coalition de gauche. En excluant La France insoumise du second round de consultations prévues ce mardi à l’Élysée, en invitant les socialistes et certains écologistes à construire un contrat de coalition, en stigmatisant certaines positions prises par les Insoumis, le camp présidentiel cherche à semer le doute au sein du NFP. Mais pour l’instant, celui-ci tient bon.

Et paradoxalement, le courrier de l’Élysée a renforcé l’unité de la coalition. « On ne va pas continuer ce cirque », s’est agacée le secrétaire national des Écologistes Marine Tondelier sur France Info, quand Olivier Faure (PS) a refusé sur France 2 de se rendre « complice d’une parodie de démocratie » et de jouer « les supplétifs d’une macronie finissante ». Une même colère dirigée contre le Président. « Nous allons continuer de nous battre pour une politique de gauche dans ce pays », a confirmé Fabien Roussel (PCF).

« Nous sommes tous sur la même ligne »

« Nous restons unis derrière Lucie Castets quoi qu’il arrive, et c’est la position unanime du groupe. Nous sommes tous sur la même ligne », précise un député PS auprès du HuffPost, alors que des rumeurs laissent apparaître qu’une part significative du groupe socialiste à l’Assemblée nationale serait prête à se ranger derrière un autre candidat issu des rangs de la gauche ou du centre gauche. Selon Politico, les macronistes ont fait un calcul : ils estiment qu’il y a autant de députés favorables à une nomination de Lucie Castets que de Bernard Cazeneuve. Ce que nie fermement un socialiste : « Le PS a retrouvé une place centrale, de notre attitude dépendent beaucoup de choses. C’est normal qu’on nous prête certaines intentions. Mais en l’occurrence, Lucie Castets à Matignon est la seule option que nous défendons ».

Laquelle a fait le tour des universités d’été des partis de gauche le week-end dernier. Aux Amfis de La France insoumise à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) le 24 août, Lucie Castets a rappelé : « L’unité de la gauche est précieuse, nous la maintenons ». Quand l’idée de voir LFI se tenir à l’écart d’un éventuel gouvernement du NFP a commencé à germer, la candidate commune au poste de Première ministre a d’ailleurs rappelé que « les quatre forces du NFP ont vocation à gouverner » ensemble. Scinder la coalition serait, à ses yeux, une manière de trahir le vote des électeurs.

« Elle a le sens de l’unité », dit d’elle le député LFI Aurélien Taché, interrogé par le HuffPost. Il se dit lui aussi « très attaché » au Nouveau Front populaire et « met en garde quiconque chercherait à s’en affranchir ». Une menace dirigée contre les partenaires donc, mais aussi contre « le tour de passe passe » mené selon lui par Emmanuel Macron. « Ne détricotons pas l’unité indispensable du NFP », alerte aussi l’écologiste Alexis Corbière. La gauche parle d’une même voix, sans anicroche, et c’est devenu trop rare pour ne pas être souligné.

À voir également sur Le HuffPost :

Premier ministre : Emmanuel Macron écarte Lucie Castets, ces dirigeants du NFP appellent à descendre dans la rue

« Mac Macron » : la référence historique derrière le surnom donné par LFI au président