Après Parasite de Bong Joon Ho, 10 films sud-coréens à (re)voir absolument

JSA de de Park Chan-wook


Plus gros succès historique au box-office sud-coréen à sa sortie (six millions d'entrées), JSA est le film qui a fait connaître Park Chan-wook du public occidental. Empruntant son titre à la célèbre Joint Security Area, la frontière qui sépare les deux Corées, le film n'est ni un récit politique ni un brûlot militariste mais un drame humaniste, alors qu'un incident va permettre à des soldats des deux camps de se rencontrer et de se lier d'amitié. Obligés de se cacher pour se parler, le sergent Lee (Lee Byung-Hun) et son homologue nord-coréen Oh (Song Kang-Ho) vont alors incarner malgré eux les deux lueurs d'espoir d'une réunification tant espérée.

Devenu un véritable symbole de paix en Corée du Sud, le succès de JSA a entrainé un tel engouement auprès du public que ses studios de tournage sont devenus une attraction touristique, avec la possibilité notamment de traverser la Joint Security Area (bien évidemment reconstituée) qui sépare les deux pays.

Sympathy for Mister Vengeance / Old Boy / Lady Vengeance de Park Chan-wook


Une trilogie thématique composée de trois volets indépendants et pourtant complémentaires. Avec Sympathy for Mr. Vengeance, Park Chan-wook explore le thème de la vengeance sur fond de critique sociale, alors qu'un jeune couple désargenté kidnappe la fille d'un riche industriel dans le but de le faire chanter; leur plan vire à la catastrophe et la découverte du cadavre de la fillette plonge son père dans une fureur inconsolable tandis qu'il cherchera à tout prix à faire payer les bourreaux de son enfant.

Puis vint Old Boy, l'électrochoc récompensé par le Grand Prix cannois en 2005 (sous la présidence de Quentin Tarantino). Dans ce second volet, Park Chan-wook joue avec les attentes de ses spectateurs en tissant les toiles d'un récit sur plusieurs temporalités où la victime n'est pas celle que nous croyons être. De chasseur à chassé, et vice et versa, le protagoniste incarné par Choi Min-Sik incarne à la fois la figure du héros surpuissant et impitoyable, et celle du pleutre pathétique, qui ne fait que payer les conséquences de ses actes odieux. 

Enfin Lady Vengeance, l'ultime volet de la trilogie, est cette fos-ci le portrait d'une femme, contrainte de s'accuser d'un meurtre qu'elle n'a pas commis sous peine que l'assassin maître-chanteur ne s'en prenne à sa fille. Si le désir de vengeance ne quitte jamais l'héroïne, le film se mue peu à peu en réquisitoire contre la peine de mort, tandis que les familles des victimes s'interrogent sur ce qui leur paraît le plus juste : remettre le tueur aux mains de la justice ou le tuer de leurs mains. Avec son final aussi sombre que désabusé, Lady Vengeance clôt admirablement la trilogie de Park Chan-wook.

2 sœurs de Kim Jee-woon


2 soeurs débarquent sur nos écrans alors que les films de fantômes japonais connaissent un important succès dans nos contrées. Il n'y a pourtant pas grand-chose à voir entre les Ring et Dark Water et le troisième long métrage de Kim Jee-woon, dont le récit se situe à la lisière du film d'horreur et du drame familial surnaturel. Loin des frasques d'hyper-violence qui caractériseront ensuite la carrière du cinéaste, 2 soeurs est avant tout le portrait délicat d'une jeune adolescente en deuil, dont les remords vont l'amener à s'inventer un monde et à matérialiser sa propre part d'ombre sous la forme d'une belle-mère tyrannique.

A Bittersweet life de Kim Jee-woon


Film de mafia doublé d'un récit de vengeance ultra-violent, A Bittersweet Life est le film qui a fait connaitre Kim Jee-woon du grand public international. Dans ce polar stylisé, un homme de main trahit la confiance de son boss en cachant l'adultère de sa femme qu'il était pourtant censé surveiller. Rapidement découvert et puni pour son silence, Sunwoo (Lee Byung-hun) se retourne contre les siens pour éliminer un à un ses tortionnaires jusqu'à remonter au chef de l'organisation qu'il avait autrefois juré de servir.

Devenu l'un des leaders de la "nouvelle vague" sud-coréenne, Kim Jee-won confirme ensuite son statut de cinéaste majeur avec Le Bon, la brute et le cinglé, une pastiche du western spaghetti, puis J'ai rencontré le diable, probablement son film le plus extrême à ce jour.

The Chaser de Na Hong-jin


Jeu du chat et de la souris captivant, The Chaser surprend en dressant le portrait de deux personnages antagonistes dont aucun ne se range du bon côté de la loi : un ancien flic reconverti en proxénète traque le tueur en série responsable du meurtre de trois prostituées, afin que ses affaires ne soient pas davantage impactées. Malgré lui, le protagoniste va alors se retrouver intimement impliqué dans l'affaire alors que l'assaillant va s'attaquer à sa fille de neuf ans. 

Sorti alors que les polars sud-coréens jouissaient désormais d'une grande renommée internationale, The Chaser révèle au public le talent brut du cinéaste Na Hong-jin, dont il s'agissait du tout premier long métrage, acclamé depuis pour ses deux réalisations suivantes : The Murderer et The Strangers, tous deux présentés en sélection officielle au Festival de Cannes.

Memories of Murder de Bong Joon Ho


Bien avant de connaître la consécration avec la Palme d'or décernée à Parasite, Bong Joon Ho se révélait en 2003 avec Memories of Murder, un polar campagnard adapté d'un sombre fait divers intervenu à la fin des années 80 (et à ce jour encore non-résolu). Ici, l'enquête n'est que le fil rouge du récit, puisque ce sont les deux protagonistes que tout oppose - l'un est un ripoux local, l'autre un flic de la ville - qui donnent au film toute sa puissance et son intérêt.

Propulsé lui aussi leader de la nouvelle vague sud-coréenne (avec Park Chan-wook et Kim Jee-woon), Bong Joon Ho va ensuite explorer divers genres (le film de monstre avec The Host, la science-fiction avec Snowpiercer, le drame familal avec Mother), tous unis néanmoins par des thématiques communes, qu'il s'agisse de l'opposition des classes sociales ou de thématiques écologiques. 

Dernier train pour Busan de Sang-Ho Yeon


Longtemps, les films de zombies ont été la chasse gardée des cinéastes occidentaux, essentiellement américains et italiens. A l'été 2016, Dernier train pour Busan - premier long métrage en live action du réalisateur Sang-Ho Yeon - créée l'électrochoc auprès du public français, quelques mois après sa projection retentissante en séance de minuit du Festival de Cannes.

Authentique film d'horreur dans la forme, Dernier train pour Busan aborde par le prisme de l'épouvante des sujets sociaux, à l'instar des films de zombies de George A. Romero (un aspect quelque peu abandonné ensuite par d'autres cinéastes ayant exploré le genre). L'engouement pour le film est tel qu'un prequel voit immédiatement le jour sous forme de long métrage animé (Seoul Station) et qu'une suite est parallèlement écrite par Sang-Ho Yeon, en vue d'une sortie vraisemblable pour le courant de l'année 2020.

Ivre de femmes et de peinture de Kwon-taek Im


Portrait du célèbre peintre Jang Seung-Ub, Ivre de femmes et de peinture offre à Choi Min-Sik son premier rôle d'envergure, quelques années avant l'électrochoc Old Boy. Salut par le prix de la Mise en scène au Festival de Cannes en 2002 (ex-aequo avec le Punch Drunk Love de Paul Thomas Anderson), le film de Im Kwon-taek (plus de cent de films à son actif !) n'est pas un récit autobiographique classique, puisqu'il ne retrace qu'un chapitre de la vie du peintre, dans la Corée du 14ème siècle.

Film historique donc, doublé d'une mise en abyme évidente, Ivre de femmes et de peinture préfigure la mutation du cinéma sud-coréen en marquant un passage de flambeau entre l'ancienne génération (Im Kwon-taek tourne depuis les années 60) et la nouvelle, dont Choi Min-Sik sera d'ailleurs la muse de quelques-uns de ses plus emblématiques cinéastes.

Burning de Lee Chang-Dong


Reparti bredouille du Festival de Cannes 2018 malgré un accueil enthousiaste, Burning offre à son cinéaste Lee Chang-Dong le succès populaire longtemps attendu dans nos contrées, malgré une certaine notoriété acquise dans les cercles cinéphiles grâce à ses précédents films (Green Fish, Oasis et surtout Poetry, prix du scénario au Festival de Cannes 2010). Libre adaptation de la nouvelle La Grange Brûlée de l'écrivain japonais Haruki Murakami (1Q84), Burning réunit toutes les principales obsessions sociales du cinéaste, dans un thriller construit comme une lettre d'amour au cinéma d'Alfred Hitchcock.

Printemps, été, automne, hiver… et printemps de Kim Ki-duk


Il ne nous serait pas venu à l'idée d'achever ce top 10 sans y inclure au moins un film de Kim Ki-duk. Si L'Île, Locataires ou encore The Coast Guard auraient tout aussi bien pu figurer dans ce classement, il nous a néanmoins paru pertinent de porter notre choix sur Printemps, été, automne, hiver... et printemps, tant cette fresque saisonnière sur l'apprentissage du bouddhisme apparaît à la fois comme la synthèse parfaite de l'oeuvre exigente et iconoclaste du cinéaste, que comme un film à part dans sa filmographie.

S'il n'appartient pas au mouvement de "nouvelle vague" sud-coréenne, Kim Ki-duk demeure néanmoins un cinéaste majeur des années 2000, en témoigne sa double obtention du prix de la Mise en scène en 2004 aux Festivals de Berlin (pour Samaria) et de Venise (pour Locataires).