Après Oxfam, décoloniser l’humanitaire

Aux environs de Port-au-Prince, à Haïti, en février, près d'un camp humanitaire installé en 2010 après le tremblement de terre.

Des responsables de l’ONG sont accusés d’avoir eu recours, en Haïti et au Tchad, à des prostituées qu’ils rémunéraient sur les deniers de l’organisation. Une dérive de l’héritage colonial de l’humanitaire explique le sentiment de toute-puissance d’une petite minorité.

L’humanitaire n’a pas échappé à la tourmente #MeToo. Des responsables de l’ONG britannique Oxfam sont accusés d’avoir eu recours, en Haïti et au Tchad, à des prostituées qu’ils rémunéraient sur les deniers de l’organisation. Ce n’est toutefois pas la première fois que l’humanitaire se retrouve dans l’œil du cyclone, pour des affaires de mœurs ou pour tout autre chose.

En 2007 par exemple, l’association française l’Arche de Zoé tenta d’exfiltrer 103 orphelins de l’enfer de Darfour pour les faire adopter par des familles dans l’Hexagone. Sauf que ces orphelins ne l’étaient en réalité pas et les membres de l’Arche avaient trompé les parents de ces enfants en leur cachant qu’ils allaient être emmenés loin de chez eux. Au-delà des affaires qui surviennent à intervalle régulier est apparue depuis le début des années 90 une critique de fond sur le rôle même de l’humanitaire. En effet, celui-ci est accusé d’être le faux-nez d’un impérialisme politique qui ne dit pas son nom, au profit de telle ou telle grande puissance. Au nom du controversé droit d’ingérence humanitaire, des forces occidentales sont intervenues en Somalie, en ex-Yougoslavie ou encore en Libye en 2011. Rony Brauman, pourtant ancien président de MSF, affirma d’ailleurs que l’intervention française pour renverser Kadhafi avait été justifiée par «un bobard», à savoir le danger d’extermination dans lequel se seraient trouvés - à tort ! - les habitants de Benghazi.

Pourtant, l’humanitaire a longtemps été auréolé de l’immunité que l’on prête aux grandes causes. Il s’est imposé dans la conscience collective à l’occasion de l’effroyable guerre du Biafra (1967-1970). C’est à cette occasion que les french doctors entrèrent en scène. Grâce à une (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

L’amère victoire des historiens polonais
«Fidelito», du kidnapping au «suicide»
Si on ne peut pas prouver que le monstre du Loch Ness n’existe pas, c’est qu’il existe…
Contrôle des loyers : l’apport des «données massives»
Si on ne peut pas prouver que le monstre du Loch Ness n’existe pas, c’est qu’il existe…