Après la mise en garde de François Bayrou sur les retraites, le gouvernement se divise
Le patron du MoDem a fait savoir son "opposition au passage en force" de la réforme des retraites. Si Olivier Dussopt, le ministre en charge du dossier, l'a sèchement recadré, Olivia Grégoire a arrondi les angles, tout comme Stéphane Séjourné.
La méthode divise jusque sur les bancs de la majorité. L'exécutif qui envisage de relancer la réforme des retraites veut aller très vite et pourrait légiférer dès l'automne. Au grand dam de certains partenaires du Président, comme François Bayrou, qui a fait entendre son opposition samedi dernier.
De quoi pousser Olivier Dussopt à le recadrer alors que le projet de loi de finances de la Sécurité sociale qui pourrait contenir la réforme sera présenté fin septembre en Conseil des ministres.
"Il se trouve que c’est moi qui porte cette réforme", lui a répondu par média interposé le ministre du Travail sur France 3 dimanche soir.
"Je suis opposé au passage en force", avance Bayrou
Le patron du MoDem avait tenu de sévères propos contre la méthode que pourrait choisir la majorité présidentielle pour défendre son texte la veille.
"Je suis opposé au passage en force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française", tançait François Bayrou dans les colonnes du Parisien samedi.
Les oppositions ont déjà fait savoir valoir leurs réticences, de La France insoumise au Rassemblement national, rendant fort possible l'usage du 49.3 par le gouvernement pour faire adopter la réforme. Les Républicains sont, eux, plus conciliants.
"Personne ne veut un passage en force", répond Séjourné
Les propos du centriste n'ont pas été appréciés de Stéphane Séjourné, le nouveau patron de Renaissance (le nouveau nom de La République en marche, NDLR). Son intronisation a été d'ailleurs été jugée gâchée par l'interview du président du MoDem publiée quelques minutes à peine avant son discours au Carrousel du Louvre Paris.
"Il ne faut pas qu'on se laisse enfermer dans un débat de forme. Personne ne veut un passage en force. (...) Il y aura un débat au Parlement", a cependant temporisé dimanche l'ancien conseiller politique d'Emmanuel Macron au micro de RTL.
La méthode semble également loin de celle prônée par le Conseil national de la refondation, lancé début septembre par Emmanuel Macron. Le Président avait alors expliqué vouloir poser une "nouvelle méthode démocratique" et faire la part belle à la concertation. François Bayrou en est d'ailleurs le secrétaire général.
Grégoire évoque "le charme" de Bayrou
Consciente que le gouvernement, qui ne possède qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale, a besoin de François Bayrou et de ses 49 députés, Olivia Grégoire a cherché à faire redescendre le débat d'un cran.
"C'est aussi ça Renaissance, on n'est pas des soldats tous unis sur la même gamme. Donc il fait entendre sa voix et sa sensibilité et c'est son charme aussi. C'est un homme qui a le courage de ses convictions et il les partage", a avancé la ministre déléguée chargée des PME ce lundi sur RMC.
Emmanuel Macron a évoqué ces derniers jours devant la presse présidentielle une mise en application de la réforme des retraites à "l'été 2023".
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - François Bayrou met en garde Emmanuel Macron contre tout "passage en force" de la réforme des retraites