Après Mélenchon, ces macronistes ont (déjà) trouvé d’autres arguments pour bloquer le NFP
Le principal argument avancé jusqu’ici par le camp présidentiel pour discréditer le Nouveau Front populaire et bloquer son arrivée à Matignon ne tient plus.
Trouver un chemin pour sortir du piège. Bousculé par la dernière initiative politique de Jean-Luc Mélenchon autour d’un gouvernement du Nouveau Front populaire sans membre de la France insoumise, le camp présidentiel cherche la parade. Ses dirigeants avaient fait des insoumis une ligne rouge, les voilà forcer de brandir de nouveaux arguments.
Futur Premier ministre : le programme d’Emmanuel Macron, qui poursuit ses consultations ce lundi
Pour cause : cet aspect, le principal avancé jusqu’ici pour discréditer le NFP et bloquer son accession à Matignon, malgré sa (courte) victoire dans les urnes, ne tient plus. Le fondateur de la France insoumise a effectivement pris tout le monde à revers, samedi, en demandant aux macronistes s’ils censureraient Lucie Castets si celle-ci n’emmenait pas de mélenchonistes dans ses bagages.
Depuis, la réponse se fait attendre du côté d’Emmanuel Macron et des dirigeants du parti présidentiel. Mais tandis que le chef de l’État poursuit ses consultations à l’Élysée, avec le Rassemblement national et les présidents des deux chambres du Parlement ce lundi, plusieurs représentants du « bloc central » revendiqué donnent des pistes sur la contre-attaque à venir.
Question de programme
De fait, les alliés du président de la République et l’aile droite de son camp ont déjà répondu. Un gouvernement NFP, même sans les insoumis ? C’est non, expliquent-ils, mais désormais à cause de leurs propositions.
« C’est un programme qui, s’il était mis en œuvre, provoquerait une crise », avance par exemple Laurent Marcangeli, le président des députés Horizons dans une interview au Figaro dimanche. Il s’y opposera « avec tous les instruments que la Constitution (lui) offre, » prévient-il. Quelques heures plus tôt, sa collègue Naïma Moutchou, une autre proche d’Edouard Philippe, annonçait la couleur en brocardant elle aussi un projet « synonyme d’aller simple pour le Venezuela ! »
Même chose, ou presque, du côté du MoDem, où l’on indique désormais que le problème principal est la feuille de route de la gauche. Un « programme dangereux pour le pays », selon les mots de François Bayrou, car il contient « des choses extrêmement lourdes » notamment en matière d’immigration et de dépenses publiques, a-t-il assuré, dimanche soir sur LCI.
🗣️ Jean-Luc Mélenchon connaît parfaitement la réponse. C’est une blague. Il est parfaitement conscient du tour de passe-passe qu’il est en train de faire. Le programme du NFP est immédiatement dangereux pour le pays.#LCI pic.twitter.com/dm1V3tMC3s
— François Bayrou (@bayrou) August 25, 2024
Autant d’arguments mis sur la table, qui semblent faire fi des mains tendues de Lucie Castets. Depuis sa désignation par les partenaires de la gauche, l’énarque de 37 ans, explique faire du programme du Nouveau Front populaire un objectif et une base de travail pour essayer de bâtir des coalitions de projets. « Je me tiens prête à construire ces coalitions » nécessaires, assurait-elle encore, vendredi, au sortir de l’Élysée.
La pression monte sur Macron
Du côté de Renaissance, les réactions se font plus rares. Certains élus prennent la parole pour refuser eux aussi un quelconque gouvernement de l’alliance des gauches. Insoumis dans l’équipe, ou non. Mais les dirigeants du parti présidentiel, qui évoquaient les mélenchonistes comme seule ligne rouge, vendredi, après leur rendez-vous avec Emmanuel Macron, gardent pour l’instant le silence. Le reflet d’une certaine gêne ?
Pour le président de la République, la tâche devient quoi qu’il en soit plus complexe. Le chef de l’État, qui n’a pas prévu de nommer Lucie Castets à Matignon - laquelle détricoterait une partie de son action depuis 7 ans - va devoir expliquer pourquoi il ne confie pas le pouvoir au bloc arrivé en tête dans les urnes. Alors même qu’il n’a pas à sa disposition la majorité stable qu’il appelle de ses vœux depuis le 7 juillet dernier. Et qu’il n’a plus le chiffon rouge insoumis à agiter pour discréditer a priori le Nouveau Front populaire.
À gauche, la pression ne cesse de monter. « Je ne vois plus d’obstacle au fait que Lucie Castets soit nommé », a par exemple plaidé Olivier Faure ce lundi matin sur franceinfo, en demandant « au nom de quel droit divin il y aurait une possibilité pour des gens qui ont perdu les élections d’expliquer qui gouverne ou pas ? »
Le prétexte qui a servi jusqu’ici au président pour ne pas nommer @CastetsLucie ne tient plus : Jean-Luc Mélenchon s’est dit prêt à ce qu’il n’y ait pas de ministres LFI.
Au nom de quel droit divin ceux qui ont perdu les élections pourraient expliquer qui doit gouverner ? pic.twitter.com/IXVpSQXHtf— Olivier Faure (@faureolivier) August 26, 2024
« Ce serait un précédent incroyable d’expliquer que c’est désormais le chef de l’État qui décide seul de qui peut gouverner. Dans ces cas-là, ce n’est plus la peine de voter ! », a encore cinglé le premier secrétaire du PS, en martelant qu’il revient à la gauche, « arrivée en tête » le 7 juillet, « de faire la démonstration de sa capacité à trouver ou pas une majorité au Parlement pour voter des textes. » La parole est désormais au président de la République. Ses consultations s’achèvent ce lundi en fin de journée.
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