Après le score du FPÖ, le gouvernement autrichien promet d'agir

par Shadia Nasralla et François Murphy VIENNE (Reuters) - Au lendemain de la défaite in extremis du candidat de l'extrême droite à la présidence autrichienne, le gouvernement de coalition au pouvoir à Vienne s'est engagé mardi à prendre au sérieux le message adressé par les électeurs. Alexander van der Bellen, soutenu par les écologistes, n'a remporté le second tour qu'avec 31.000 voix d'avance sur Norbert Hofer, le candidat du Parti de la liberté (FPÖ) islamophobe et eurosceptique. L'annonce de sa victoire sur le fil, qu'il a fallu attendre près de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote, a été accueillie avec un soupir de soulagement par les partis politiques traditionnels d'Europe, tous ou presque confrontés à la montée de l'extrême droite. Mais le FPÖ n'avait jamais atteint un tel score et les sondages le placent pour l'heure en tête des intentions de vote en vue des élections législatives prévues dans deux ans. "Ce n'est que le début", a commenté Heinz-Christian Strache, le président du parti d'extrême droite. "Une chose est absolument claire : la protestation qui vient d'être exprimée doit être prise au sérieux", a souligné mardi le chancelier autrichien Christian Kern, tirant les premiers enseignements de ce suspense électoral. Christian Kern, issu du Parti social-démocrate (SPÖ), a accédé à la tête du gouvernement de coalition avec les chrétiens conservateurs de l'ÖVP après le premier tour, le 24 avril, qui a tourné au cauchemar pour les deux partis qui dominaient la vie politique autrichienne depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Leur élimination prématurée a conduit le chancelier social-démocrate Werner Faymann à s'effacer au profit de l'ancien directeur de la compagnie des chemins de fer. S'exprimant à l'issue d'un conseil des ministres, Christian Kern a déclaré mardi matin que l'isolationnisme et l'euroscepticisme ne pouvaient être une solution pour l'Autriche, dont l'économie dépend largement de ses exportations. "La croyance selon laquelle on pourrait faire disparaître comme par magie la question migratoire est une illusion", a-t-il dit. Mais il a promis de présenter rapidement un plan d'action portant notamment sur la crise migratoire et la sécurité, deux thèmes qui ont favorisé la campagne du FPÖ. Il s'est engagé à agir également sur la relance de l'économie, sur l'emploi et sur une simplification de l'administration. "Vous nous entendrez dans les prochaines semaines", a-t-il dit. De son côté, Van der Bellen a demandé aux médias de "ne pas dramatiser la polarisation de l'Autriche". "C'est tous ensemble que nous formons notre belle Autriche", a-t-il dit. (Henri-Pierre André pour le service français)