Après l’énorme surprise des législatives, la France doit sortir de l’impasse
Le scrutin était inédit, l’élection restera historique et les conséquences seront chaotiques. Après un mois de crise politique en France, la hiérarchie des périls a finalement porté le front républicain, la gauche et le centre, et douché les espoirs du Rassemblement national. Un soulagement aussi intense que bref, car nos voisins devront réapprendre à négocier entre partis.
En entendant les discours de ce dimanche soir, c’est plutôt mal parti. Pourtant, ils n’ont plus le choix. Dès ce lundi, les élus de la République devront chercher des alliances contre nature pour éviter la paralysie. Cette nouvelle ère politique aurait pu s’ouvrir dès que la Macronie ne disposait plus de majorité absolue. C’était en 2022. Quel temps perdu ! Quel gâchis !
Éviter la double peine
La France écarte donc le pire des scénarios, une majorité absolue d’extrême droite. Mais l’autre crainte, celle du blocage total entre trois grands blocs, est bien là. Après le front anti-RN, c’est un sursaut républicain qui s’impose pour sortir de l’impasse et éviter la double peine : une France ingouvernable et une victoire de Marine Le Pen en 2027.
Il faudra, pour cela, digérer le désastre de ces législatives précipitées et apaiser l’actuel climat électrique. La méfiance entre politiques, même au sein des partis, est profonde. Plus faible que jamais, Emmanuel Macron n’a d’autre choix que de trouver des élus capables de travailler ensemble malgré la montagne de désaccords qui les séparent. Les Belges savent que l’art du compromis prend du temps, beaucoup de temps. Il faut faire tomber les barrières, enterrer les exclusives, apprendre à se parler, oser s’afficher avec ses adversaires d’hier et négocier la moindre virgule d’un accord forcément fragile.
Un saut dans l’inconnu
Le rebondissement de ce dimanche soir s’apparente à un retour brutal à l’instabilité de la IVe République où, en l’absence de majorité, le pouvoir législatif prédominait sur un exécutif désuni et instable. Véritable saut dans l’inconnu.
Ces nouveaux élus se pencheront-ils enfin sur les priorités des Français qui exigent une gestion plus efficace en matière de pouvoir d’achat, de délinquance, d’enseignement et d’immigration clandestine ? Des fractures sociétales totalement absentes de ce second tour. Pourtant, Paris devra bien renouer avec ces “oubliés”.
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