Après un faux départ, le procès Zepeda reprend jeudi

Après son ouverture avortée mardi, le procès en appel de Nicolas Zepeda pour l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki reprend jeudi à Vesoul avec le nouvel avocat désigné à la surprise générale par l'accusé chilien.

L'audience devant la Cour d'assises d'appel de la Haute-Saône doit reprendre à 09H00.

Mardi, au terme d'une première matinée chaotique qui avait ulcéré les parties civiles, le président de la Cour avait suspendu les débats afin que Renaud Portejoie, le nouveau conseil désigné à la surprise générale par l'accusé dès l'entame du procès, puisse s'imprégner de l'épais dossier qui, malgré ses dénégations, a valu à son client en avril dernier devant les assises du Doubs 28 ans de réclusion pour l'assassinat de Narumi Kurosaki.

Cette étudiante japonaise de 21 ans avait rencontré l'accusé lorsqu'ils étudiaient au Japon. Arrivée à Besançon à l'été 2016 pour y apprendre le français, elle avait ensuite rompu avec lui.

Sans la prévenir, le Chilien l'avait retrouvée à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016 durant laquelle des témoins disent avoir entendu dans la résidence universitaire des "hurlements" et un bruit sourd.

La jeune femme a depuis disparu. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Sollicité par l'AFP, Me Portejoie n'a pas donné suite. Interrogé par France Bleu Besançon, il a expliqué s'être entretenu mercredi avec le Chilien de 32 ans dont il assurera la défense avec l'avocat parisien Julien Dreyfus.

- "Honneur" -

Quelle sera précisément leur stratégie de défense? Cruciale, la question a en effet peut-être valu au prédécesseur de Me Portejoie, Antoine Vey, d'être débarqué.

L'ancien associé d'Eric Dupond-Moretti, l'actuel garde des Sceaux, a été récusé quelques jours avant le procès par M. Zepeda, qui s'est présenté dans le box sans avocat.

Les raisons de cette rupture n'ont pas été explicitées mais beaucoup d'observateurs y voient un profond différend entre le ténor parisien et son client sur la ligne de défense. Interrogé par l'AFP, le cabinet de Me Vey n'a pas répondu.

Après sa condamnation en première instance, Nicolas Zepeda s'était déjà séparé de sa première avocate, Jacqueline Laffont, manifestement pour des questions de défense.

L'accusé, qui encourt la réclusion à perpétuité et n'a cessé de clamer son innocence lors du premier procès, ne s'est pas encore exprimé sur le fond.

Mais devant la presse, son père le fait pour lui, martelant que son fils est innocent.

A Vesoul, Humberto Zepeda en a également profité pour distiller sa défiance envers la procédure et estimé que la "fuite" lundi dans la presse régionale du départ de Me Vey portait "atteinte à l'honneur de la justice française".

Mercredi, il a exposé à France 3 Bourgogne-Franche-Comté "quatorze arguments" censés fragilisés l'accusation, comme l'absence de "témoin oculaire de la commission du crime" ou encore de ces "deux témoins (...) certains" d'avoir vu Narumi "aux dates de sa disparition et dans des lieux différents".

- "Intoxiquer" -

"On veut manipuler" et "intoxiquer" l'audience "pour faire croire que Narumi est toujours vivante", s'est agacé l'un des conseils des parties civiles, Randall Schwerdorffer, estimant que le système judiciaire français "s'acharne" sur Nicolas Zepeda.

L'avocat, qui confiait avant le procès ne pas exclure des "aveux" de l'accusé, dit désormais n'attendre "plus rien, à part la confirmation de la condamnation".

Après le faux départ de mardi, le nouveau planning du procès ne sera communiqué qu'après l'audience de jeudi, alors que le verdict devait initialement être prononcé le 8 mars au plus tard.

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