Après les explosions au Liban, l’origine des bipeurs piégés du Hezbollah continue de faire débat

Après deux vagues d’explosions d’appareils de communication du Hezbollah, les autorités bulgares nient toute implication dans la production et la livraison de bipeurs. (Photo d’illustration)
Steven Puetzer / Getty Images Après deux vagues d’explosions d’appareils de communication du Hezbollah, les autorités bulgares nient toute implication dans la production et la livraison de bipeurs. (Photo d’illustration)

INTERNATIONAL - Taïwan, la Hongrie et la Bulgarie se renvoient la patate chaude. Après deux vagues d’explosions d’appareils de communication du Hezbollah, les autorités bulgares ont démenti toute implication directe de l’entreprise Norta Global basée à Sofia dans la production et la livraison des bipeurs piégés du mouvement islamiste.

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La Bulgarie avait annoncé jeudi mener des investigations après un article du site hongrois Telex citant des sources anonymes, selon lesquelles la société bulgare, fondée en 2022 par un Norvégien, aurait facilité la vente des bipeurs qui ont fait des dizaines de mort et des milliers de blessés au sud de Beyrouth. Tout comme Sofia, Taipei et Budapest réfutent tout lien avec l’opération au Liban.

Une société taïwanaise accuse son partenaire hongrois

« À la suite des vérifications effectuées, il a été établi de façon indiscutable qu’aucun équipement de communication correspondant à ceux ayant explosé le 17 septembre n’a été importé, exporté ou fabriqué en Bulgarie », a annoncé l’Agence de sécurité nationale bulgare. Par ailleurs, « l’entreprise et son propriétaire n’ont pas effectué de transactions en lien avec l’achat ou la vente de marchandises » ou « relevant de la loi sur le financement du terrorisme », ajoute-t-elle.

Après l’attaque des bipeurs et talkies-walkies, les accusations ont d’abord convergé en direction de Taïwan. Le New York Times affirmait notamment que la majorité des bipeurs piégés étaient des modèles AR924 de Gold Apollo, une société taïwanaise spécialisée dans les équipements de communication sans fil. D’après le quotidien américain, les appareils ont été interceptés par les services israéliens avant leur arrivée au Liban.

En réaction, l’entreprise de Taipei avait rejeté mercredi la responsabilité de la fabrication sur son partenaire hongrois BAC Consulting. Selon Budapest cependant, cette société est « un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie » et « les appareils en question n’ont jamais été sur le sol hongrois ».

Enquête ouverte à Taïwan

Dans la foulée, une enquête a été ouverte par Taïwan et deux représentants de sociétés taïwanaises ont été auditionnés ce vendredi. « Nous avons demandé au Bureau d’enquêtes de poursuivre hier (jeudi, ndlr) l’audition en tant que témoins de deux personnes rattachées à des entreprises taïwanaises », a indiqué le bureau des procureurs du district de Shilin, à Taipei.

Le parquet de Taïwan, qui n’a pas dévoilé d’identités, a dit vendredi prendre l’affaire « très au sérieux ». « Nous clarifierons les faits dès que possible, notamment en ce qui concerne l’implication ou non d’entreprises taïwanaises », a souligné le bureau du procureur.

Le parquet a également indiqué que quatre sites avaient été perquisitionnés, notamment dans les districts de Xizhi et de Neihu, à Taipeh. Le siège de Gold Apollo est situé dans le premier et celui d’Apollo Systems dans le second, selon le registre du commerce.

Le ministre de l’Économie, Kuo Jyh-huei, a affirmé vendredi à des journalistes que les bipeurs de Gold Apollo fabriqués à Taïwan étaient composés d’éléments bas de gamme, tels que des circuits intégrés et des piles. « Ces appareils ne peuvent pas exploser », a-t-il affirmé, indiquant que Gold Apollo avait exporté 260 000 bipeurs ces des deux dernières années sans aucun incident. Le Premier ministre, Cho Jung-tai, a pour sa part réaffirmé vendredi que « la société et Taïwan n’ont pas exporté directement des bipeurs vers le Liban ».

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