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Après l’attaque d’Annecy, Aurore Bergé taxée d’"instrumentalisation" de toutes parts

Sur tous les bancs, il est reproché à la présidente du groupe Renaissance d’avoir lié la proposition de loi Liot sur les retraites au drame d’Annecy survenu le même jour.

C’était une journée politique tendue, marquée par l’examen de la proposition de loi Liot sur l’abrogation de la réforme des retraites. La majorité accusant les oppositions de s’offrir un « coup de com’ » ; les oppositions, Liot en tête, prévenant la majorité que cette nouvelle action « de brutalisation du Parlement » - avoir refusé les amendements qui visaient à abroger le report de l’âge légal de départ à 64 ans -, aurait des conséquences graves pour « la démocratie ». « Vous êtes fous », avait même lancé Bertrand Pancher, président du groupe Liot à la tribune de l’Assemblée nationale dans la matinée.

Mais ce débat déjà tendu est venu se fracasser sur l’actualité d’Annecy. Une attaque au couteau dans un parc fait six blessés dont quatre enfants. Elisabeth Borne et son ministre de l’Intérieur se rendent sur place. Minute de silence à l’Assemblée nationale. Alors que le groupe Liot réclame une suspension de séance pour décider des suites à donner au texte - sans doute un retrait vu qu’il a été vidé de sa substance -, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, sort de l’hémicycle et se présente devant la presse.

« Bataille de chiffoniers en décalage avec l’effroi »

« Je suis entourée des députés de Haute-Savoie au regard de l’attaque qui s’est produite et qui a visé de très jeunes enfants. Être dans l’hémicycle en ce moment sur une bataille de chiffonniers sur une recevabilité d’amendements nous semble être en décalage quand des enfants sont en état d’urgence d’absolue et que l’effroi submerge notre pays », déclare-t-elle, le ton grave. Avant d’ajouter : « Nos pensées ne sont tournées que vers leurs familles, ceux qui sont à leurs côtés et les forces de l’ordre qui ont sans doute empêché que pire encore ne se produise ».

À peine ces mots prononcés, et alors que le groupe Liot n’avait pas encore annoncé le retrait de son texte, les oppositions lui sont tombées dessus pour dénoncer « une instrumentalisation ». « Vous reste-t-il un honneur, Renaissance ? », interroge la députée EELV de Paris, Sandrine Rousseau. « Récupération politique odieuse, à vomir. Aucune dignité », abonde son collègue insoumis David Guiraud. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, Alexis Corbière, député insoumis confie à une équipe du HuffPost : « Ce n’est pas digne et cela la dégrade elle-même. Il y a des sujets qui méritent d’avoir de l’honneur ».

« Née avant la honte, Aurore Bergé »

Au PS, Gérard Leseul, député de Seine-Maritime estime qu’« Aurore Bergé continue l’indécence de sa minorité gouvernementale en instrumentalisant le drame d’Annecy pour tenter de délégitimer la contestation de la reforme des retraites. Cette matinée est effectivement effroyable ».« J’aimerais qu’il n’y ait aucune récupération » lançait au même moment le premier secrétaire du PS qui veut « éviter de généraliser » et « être d’abord au côté des victimes ».

Les Républicains ne sont pas en reste, à commencer par le porte-parole du parti, Guilhem Carayon qui tweete : « Cynisme et indécence. Née avant la honte Aurore Bergé », quand le député LR Ian Boucart réagit avec le mot : « indécence ».

Le RN accuse Bergé d’instrumentalisation, avant de faire de la récupération...

À l’autre extrémité de l’échiquier politique, le Rassemblement national abonde dans le même sens. « Indécence totale », tweete la députée RN Caroline Parmentier quand son collègue Kévin Pfeffer ajoute : « Quelle instrumentalisation indécente d’une actualité aussi tragique. Vous n’avez aucune dignité et aucun respect pour les victimes et pour notre assemblée ».

Même si, au même moment, devant les caméras de LCP, leur collègue du RN Laure Lavalette n’attendra pas beaucoup de temps avant de mettre sur le tapis la question de l’immigration, thème phare de son parti, alors que l’assaillant est un réfugié syrien. « On a eu la petite Lola, hier un Lybien qui a poignardé un chauffeur de bus dans l’Essonne et là on a ça », déclare la députée, sur une affaire qui avait déjà été marquée par la récupération de l’extrême droite. « On voit bien que l’immigration dérégulée met en danger les Français, même les autres groupes ont l’air de le découvrir ».

Un drame qui n’a pas fini de faire réagir et qui devrait s’inviter encore dans l’actualité, alors que le projet de loi sur l’immigration est dans les tuyaux du gouvernement et que les négociations avec LR ont débuté depuis plusieurs semaines.

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