Après les inondations en Espagne, la région de Valence accusée d’avoir ignoré les alertes météo

ENVIRONNEMENT - Un manque d’anticipation jugé « inacceptable ». Alors que le passage de la violente dépression DANA dans le sud-est de l’Espagne a fait au moins 95 morts et des dizaines de disparus, le gouvernement régional de Valence est accusé ce jeudi 31 octobre par les médias espagnols d’avoir lancé des messages d’urgence bien trop tard.

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Ce n’est que mercredi que les habitants de Valence ont reçu l’alerte mobile de la protection civile « Es-alert », correspondant à notre FR-Alert français, alors que le bilan humain était déjà lourd. La Generalitat Valenciana, l’autorité régionale gouvernée par Carlos Mazón, est critiquée pour ne pas avoir « accordé l’importance requise des avertissements » des services météo, pointe l’édition espagnole du HuffPost.

Le chef de la région efface son tweet

Pourtant, le service météorologique espagnol, l’AEMET, avait prévenu du passage de la dépression cinq jours avant, en écrivant dans ses bulletins que la DANA déverserait une quantité de pluie très importante sur Valence.

Des habitants se tiennent devant des voitures empilées à la suite d’inondations meurtrières dans le quartier d’Alfafar, au sud de Valence, dans l’est de l’Espagne, le 30 octobre 2024.
MANAURE QUINTERO / AFP Des habitants se tiennent devant des voitures empilées à la suite d’inondations meurtrières dans le quartier d’Alfafar, au sud de Valence, dans l’est de l’Espagne, le 30 octobre 2024.

Mardi 29 octobre au matin, jour de la tempête, le président de la Generalitat Valenciana, Carlos Mazón, continuait d’affirmer que la situation était « sous contrôle » et qu’il n’y avait jusqu’à présent « pas d’alerte hydrologique ».

Dans le même temps, l’AEMET avait déjà déclenché l’alerte rouge pour de graves inondations et précipitations. Tandis que de nombreux services de prévisions météo émettaient déjà des avertissements sur les réseaux sociaux. « Nous avons déjà détecté des problèmes dans les cours d’eau », écrivait notamment un organisme spécialisé hydrographique, rattaché au ministère de la Transition écologique du pays.

Le chef de la région avait également affirmé mardi sur ses réseaux sociaux que la DANA se déplacerait « vers la Serranía de Cuenca » et qu’ainsi « vers 18 heures, son intensité diminue dans le reste de la Communauté valencienne ». Des indiquations météorologiques que l’AEMET n’a jamais fournies. Preuve de l’erreur de Carlos Mazón, il a effacé son tweet quelques heures plus tard, rapporte Le HuffPost espagnol.

Une « gestion tiers-mondiste »

C’est seulement à 20 heures mardi, alors que la situation était déjà dramatique à Valence, avec l’équivalent de plusieurs mois de pluie tombés par endroits, que le premier message d’alerte aux populations a été envoyé par la Generalitat. L’autorité régionale prévenait de « fortes pluies » et demandait d’éviter de circuler en voiture. Une mise en garde très tardive donc, survenue « treize heures après la première alerte sérieuse de l’AEMET et près de huit heures après les premiers rapports de débordement des cours d’eau », tacle Le HuffPost espagnol.

Puis mercredi matin, vers 7 heures, les Valenciens ont reçu une seconde alerte, les mettant en garde des intempéries. Aux alentours de 10 h 30 mercredi, l’alerte mobile de la protection civile « Es-alert » a enfin été envoyée, détaille le média local La Voz d’Ibiza. La coordination de ce dispositif de mise à l’abri des populations incombe à l’Agence valencienne de sécurité et d’intervention d’urgence.

La gestion de la catastrophe a été fustigée notamment par l’intersyndical Valenciana. Ce dernier a ouvertement critiqué « l’inefficacité » de Carlos Mazón dans la gestion de DANA qui, selon ce syndicat, a mis « en danger la vie de centaines de milliers de travailleurs », rapporte Newsday FR.

Dans les colonnes de ce média, Andrés Boix, professeur de droit à l’Université de Valence, a même estimé que l’urgence avait été « traitée exactement de la même manière que l’inondation de 1957 a été traitée par les autorités franquistes, qui n’ont pas informé la population ». Avant de dénoncer une « gestion tiers-mondiste » aggravée par les infrastructures et l’urbanisme.

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