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Apple satisfait Wall Street mais l'innovation se fait attendre

par Edwin Chan

SAN FRANCISCO (Reuters) - En annonçant mercredi soir avoir vendu au premier trimestre un nombre d'iPhone supérieur aux estimations les plus optimistes, Apple a gagné du temps sans pour autant répondre à la principale question que se pose Wall Street: le groupe va-t-il ou même peut-il encore lancer un nouveau produit phare?

La litanie de bons résultats égrenée mercredi soir, saluée par une hausse de 8% de l'action dans les transactions hors séance, s'est accompagnée d'un nouveau plan de rachats d'actions de 30 milliards de dollars (21,7 milliards d'euros) et d'un relèvement du dividende.

Le groupe à la pomme a aussi décidé de diviser par sept le nominal de son action, ce qui devrait faire tomber le cours de celle-ci de plus de 500 dollars à environ 75, un prix plus abordable pour de petits investisseurs et qui la rendrait éligible à une entrée dans l'indice Dow Jones.

Mais tout cela peine à masquer les inquiétudes de fond qui ont freiné la progression du cours d'Apple depuis un an environ.

"La plupart des gens vont commenter la division du nominal, l'augmentation du dividende et celle des rachats d'actions. Mais la vraie question pour la société et pour la valeur, c'est la nature et le calendrier de la nouvelle catégorie" de produits du groupe, estime Daniel Ernst, analyste d'Hudson Square.

"Ces dernières années, être actionnaire d'Apple a requis de la patience. Une qualité dont les investisseurs avaient pu se passer au cours des dix années précédentes."

Personne ne peut nier qu'Apple a vécu une décennie extraordinaire, avec l'iPod en 2001, l'iPhone en 2007 et l'iPad en 2010. Mais aujourd'hui, alors que Google investit des milliards dans des technologies allant de la robotique à l'intelligence artificielle et que Samsung Electronics et d'autres grignotent les parts de marché d'Apple, certains s'impatientent face à l'absence de renouvellement de sa gamme.

UN NOUVEL IPHONE NE SUFFIT PAS

"Tout à fait d'accord avec la hausse des rachats et extrêmement satisfait des résultats. Espère que nous serons aussi heureux quand nous verrons de nouveaux produits", a déclaré sur Twitter l'actionnaire activiste Carl Icahn, qui a orchestré pendant plusieurs mois une campagne en faveur de l'augmentation des rachats d'actions.

La capacité d'Apple à concevoir un nouveau produit révolutionnaire reste donc la question clé dans l'esprit des investisseurs et des dirigeants de la Silicon Valley.

Nombre d'entre eux espèrent que l'iPhone 6, attendu en septembre et qui pourrait être doté d'un écran plus grand et d'une nouvelle technologie d'affichage, selon certaines sources, permettra au groupe de donner un coup de fouet à son chiffre d'affaires.

Mais à plus long terme, Apple a besoin de changer véritablement la donne: pas seulement d'un énième "nouvel iPhone" mais d'un nouveau produit au succès incontestable, susceptible de redorer l'image du PDG Tim Cook et de restaurer la confiance de Wall Street dans l'équipe dirigeante et sa capacité d'innovation.

"Apple ne pourra peut-être jamais plus concevoir un produit rencontrant autant de succès et générant autant de chiffre d'affaires que l'iPhone", estime Brian Colello, analyste de Morningstar. Mais "les investisseurs veulent voir une réelle innovation, de nouveaux produits sous la direction de Cook."

Tim Cook a promis "de nouvelles catégories de produits" pour cette année, sans plus de précision.

"Nous n'avons pas lancé le premier lecteur MP3, ni le premier smartphone, ni la première tablette", a-t-il rappelé aux analystes mercredi après la publication des résultats. "Pour nous, il est beaucoup plus important de faire les bons choix que d'être le premier."

(Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)