"Ao Ashi", le manga de foot qu’il faut lire absolument

Le deuxième tome du manga
Le deuxième tome du manga

L’éditeur Mangetsu, nouveau venu dans le milieu du manga en France, débarque ce mercredi 26 mai dans les librairies avec la parution de l’une des meilleures séries du moment, Ao Ashi de Yûgo Kobayashi. Prépublié depuis 2015 dans la revue japonaise Big Comic Spirits, ce shônen (manga destiné aux adolescents) suit Ashito Aoi, génie du ballon rond au caractère impulsif qui monte à Tokyo pour tenter sa chance dans la J-League Junior.

Récompensée en 2019 lors des Manga Awards, un des prix les plus prestigieux au Japon, Ao Ashi s’est imposé en moins d'une décennie comme un des meilleurs mangas de sport, aux côtés des références du genre Captain Tsubasa (Olive et Tom), Real ou encore Slam Dunk. Fort d’une écriture subtile et d’un trait dynamique, qui donne à son lecteur l’envie de se dépasser, Ao Ashi alterne grands moments d’émotion et scènes de matchs à la mise en scène impeccable, qui raviront amateurs de foot et néophytes:

"Vivant, dramatique et réaliste"

"La seule chose dont je sois conscient, c’est de dessiner de façon à ce que les gens qui ne connaissent rien en foot puissent comprendre. Je m’arrange aussi pour que ce soit aussi clair pour les petits enfants que pour leurs mères", explique à BFMTV Yûgo Kobayashi. "Je donne tout ce que j’ai pour dessiner ce manga, mais je suis incapable de lire dans le cœur de mes lecteurs. J’espère néanmoins que cette série pourra leur donner du courage."

Pour son éditeur Sullivan Rouaud, Ao Ashi est pour cette raison le titre parfait pour débuter Mangetsu: "C’est le manga que j'ai toujours cherché. C’est vivant, c’est dramatique, c’est réaliste", s’enthousiasme-t-il. "Ce qui me plaît aussi, c’est le côté hybride shônen [manga pour adolescents] et seinen [manga pour adultes]. On est sur un 'shônen nekketsu' avec tout ce que ça comporte de développement personnel et de voyage du héros, et en même temps il y a une dramaturgie puissante. Je pense notamment à une scène que l’on découvrira dans le tome 3 en juillet, qui m’a retourné, et qui a retourné les chanceux qui ont pu le lire."

Le nouveau Captain Tsubasa

Pour Yûgo Kobayashi, dont c’est la première série, tout a commencé au mitan des années 2010, lorsque le rédacteur en chef du magazine Big Comic Spirits lui fait savoir qu’il n’avait encore jamais publié de manga sur la J-League Junior: "il m’a demandé si je pouvais en dessiner un. C’est ainsi qu’est né Ao Ashi." Grand amateur de foot, et supporter du Ehime FC, l’équipe de la ville où il vit, le mangaka n’a pas puisé l’inspiration dans Captain Tsubasa, bien qu’il soit impossible de dessiner un manga sportif sans penser au chef-d'œuvre de Yōichi Takahashi:

"Captain Tsubasa fait partie des mangas de la génération avant la mienne, et je ne l’ai jamais lu directement. Mais je suis convaincu que tous les mangas de foot actuels, au Japon, suivent la voie tracée par cette série. Autrement dit, Ao Ashi aussi a certainement été influencé par cette œuvre", reconnaît-il ainsi.

Une influence qui prend racine dans la géographie: à l'instar de son héros Ashito Aoi, Yûgo Kobayashi est originaire de la préfecture d’Ehime, dont le chef-lieu est Matsuyama. Les fans de Captain Tsubasa auront bien entendu reconnu le nom de Hikaru Matsuyama, alias "l'aigle de Hokkaido", un personnage phare du manga.

Yûgo Kobayashi s’est en revanche inspiré de joueurs bien réels. Nagisa Akutsu, un des rivaux d’Ashito, est ainsi inspiré de Keisuke Honda, l'un des rares joueurs nippons à s'être imposé avec fracas en Europe, désormais sélectionneur du Cambodge. Haruhisa Kuribayashi, autre génie du ballon auquel Ashito va se frotter, est un mélange de Takefusa Kubo, milieu offensif gaucher du Real Madrid, en prêt à Getafe cette saison, et d’Akihiro Ienaga, milieu de terrain du Kawasaki Frontale en J-League.

Une histoire personnelle

Ashito, héros d'Ao Ashi, est un enfant de la campagne qui rêve de monter à Tokyo pour intégrer le Tokyo City Esperion FC afin de devenir footballeur professionnel. L'auteur s’est inspiré de son "expérience personnelle": "Je vis à Ehime, ma mère m’a élevé seule, nous n’avions pas beaucoup d’argent, etc. J’avais aussi en moi ce désir ardent de réaliser mon rêve et de devenir mangaka coûte que coûte. Ashito est en quelque sorte mon alter ego."

Pour le titre de la série, l’inspiration vient de la France, confie-t-il: "Je me suis inspiré du 'roseau pensant' du philosophe français Blaise Pascal. En japonais aussi, le mot 'bleu' (Aoi) peut avoir le sens d''immature'. On l’utilise pour désigner quelqu’un qui n’a pas encore la maturité nécessaire pour bien réfléchir. Or, le football est un sport de réflexion. Le message que je voulais envoyer était que pour percer en tant que professionnel, il faut être capable de réfléchir correctement."

Impulsif, doué d’un génie pour appréhender les actions sur un terrain de foot, Ashito est aussi un grand personnage mélancolique. Dans le tome 1, une scène marquante le montre en train de regarder fixement la lune après sa première rencontre avec Fukuda, l’entraîneur qui l’a repéré et veut le faire monter à Tokyo. "Je voulais en faire une scène assez étrange. Montrer que cacher un grand talent peut parfois mettre mal à l’aise."

Bientôt la fin?

Les deux premiers tomes d’Ao Ashi sont déjà disponibles en France. Le troisième suivra le 7 juillet. Au Japon, vingt-quatre tomes sont parus. Yûgo Kobayashi connaît déjà la fin, qui ne devrait pas tarder à arriver, révèle-t-il: "J’ai déjà le tout dernier chapitre bien en tête, et je pense avoir aussi la fin globale, oui. Je ne sais pas encore sur combien de tomes s’étendra la série entière, mais il ne devrait plus en rester tant que ça."

En attendant l'adaptation en série animée prévue pour 2022, Ao Ashi séduit un public toujours plus large au Japon, avec désormais plus de sept millions de lecteurs - et son créateur multiplie les actions hors du cadre du manga. Yûgo Kobayashi sponsorise notamment le club de foot féminin de la préfecture d’Ehime. "C’est un vrai passionné, et ses actions sont à la hauteur de son discours", résume Sullivan Rouaud.

Ao Ashi, Yûgo Kobayashi, Mangetsu, 208 pages, 6,90 euros. Deux tomes disponibles. Le troisième sort le 7 juillet.

Article original publié sur BFMTV.com