Antoine Armand, ministre de l’Économie, écarte le RN de l’arc républicain, se fait recadrer puis rétropédale

Antoine Armand photographié à Bercy le 22 septembre (illustration)
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Antoine Armand photographié à Bercy le 22 septembre (illustration)

POLITIQUE - Le piège dans lequel la Macronie est tombée illustré en une demi-journée. Ce mardi 24 septembre, dans la matinale de France inter, le ministre de l’Économie Antoine Armand a annoncé que sa porte resterait toujours ouverte pour les élus appartenant à « l’arc républicain ». Un espace dont il a exclu le Rassemblement national, au nom du « front républicain » érigé dans l’entre-deux-tours des élections législatives.

Bruno Retailleau a une façon bien à lui d’analyser les résultats des élections législatives

Une sortie qui a fait bondir le parti d’extrême droite, qui a immédiatement accusé le nouveau locataire de Bercy de mépriser ses électeurs, tout en rappelant que le RN pouvait censurer le gouvernement à tout moment.

« Je souhaiterais que la philosophie exprimée par le Premier ministre - de respect de l’ensemble des forces politiques - soit partagée par l’ensemble de ses ministres. Parce que quand j’entends monsieur Armand ce matin, qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du Rassemblement national alors que nous avons le budget qui arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris », a ainsi cinglé Marine Le Pen à la mi-journée.

Un souhait exaucé dans la foulée, à en croire LCI et BFMTV, qui assurent que le successeur de Bruno Le Maire a été très rapidement recadré par le chef du gouvernement en personne. Michel Barnier a « clairement et fermement » rappelé les règles à son ministre, à savoir « le respect des électeurs » et « le respect des présidents de groupe représentés au Parlement », rapportent nos confrères. Selon Le Figaro, le Premier ministre a même appelé Marine Le Pen pour la rassurer.

Résultat : à 13 h 38, les journalistes ont reçu dans leurs boîtes mail un communiqué rectifiant le tir (en catimini).

« La situation économique et financière de la France réclame une concertation large des élus de la Nation. Dans la ligne politique fixée par le Premier ministre et comme affirmé dans son discours de prise de fonction, Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie recevra toutes les forces politiques représentées au Parlement. Il conviera prochainement chaque président de groupe dans cet état d’esprit pour évoquer les enjeux économiques et financiers du pays », annonce l’équipe d’Antoine Armand, sans mentionner le couac matinal.

Un rétropédalage qui — sans surprise — fait le bonheur du Rassemblement national, qui se voit conforté dans son rôle d’arbitre généreusement confié par la Macronie. « Merci monsieur le Premier Ministre, Michel Barnier de ce recadrage qui s’imposait. Espérons, qu’à l’avenir, monsieur Armand reste courtois et constructif », savoure la porte-parole du RN Laure Lavalette. « Une leçon vite apprise ! Merci au Premier ministre d’avoir aimablement rappelé à monsieur Armand que les voix de 11 millions de Français n’étaient pas quantité négligeable », a renchéri José Beaurain, député lepéniste de l’Aisne. Qui aurait pu prédire ?

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