Antisémitisme: Olivier Véran déplore que Jordan Bardella "refuse de reconnaître" la condamnation de Jean-Marie Le Pen
Un échange très tendu, un mois jour pour jour après les attaques du Hamas contre Israël. Dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale ce mardi après-midi, le député Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a interpellé le gouvernement sur la montée de l'antisémisme en France ces dernières semaines, dénonçant "l'hydre odieuse de la haine des juifs".
"Alors que le peuple israélien a subi les pires atrocités, nous devons constater, hélas, que le soutien indéfectible qu'aurait dû recevoir Israël est meurtri par un effroyable relativisme et une ignoble flambée d'antisémitisme", a regretté l'élu.
"Vous êtes le parti de la flamme"
"Qu'avons-nous fait du devoir de mémoire ?", s'est interrogé le député Jean-Philippe Tanguy, demandant au gouvernement de "revendiquer son destin contre les antisémites", alors que 887 actes antisémites ont été enregistrés en France depuis le début du conflit entre le Hamas et Israël. Deux fois plus que sur toute l'année 2022.
La réponse d'Olivier Véran, qui s'est lancé dans un tour de France des communes dirigées par le RN pour contrer le mouvement, ne s'est pas faite attendre.
"Vous pointez l'extrême gauche, je vais vous pointer, vous", lui a répondu le porte-parole du gouvernement. "Vous êtes le parti de la flamme. Il n'y a pas un bon et un mauvais antisémitisme. Il n'y a qu'un antisémitisme".
"Et quand le président de votre parti politique, il y a deux jours, refuse de reconnaître que son président fondateur a été condamné par la justice pour antisémitisme, vous ne défendez pas la cause que vous prétendez servir", a encore asséné le ministre.
Fait très rare dans un contexte politique particulièrement tendu: des élus insoumis, communistes, écologistes et socialistes se sont alors levés pour applaudir Olivier Véran.
Bardella "ne croit pas que Jean-Marie Le Pen est antisémite"
Le président du parti Jordan Bardella a assuré dimanche soir sur BFMTV que son "mouvement politique était parfaitement irréprochable" sur la question de l'antisémitisme, avançant "ne pas croire" que Jean-Marie Le Pen était "antisémite".
"Je n'aurais pas tenu les propos qu'il a tenus sur le point de détail, parce que pour moi l'horreur de la Shoah n'est pas un point de détail de l'Histoire", a toutefois nuancé le président du RN.
Le dirigeant du parti faisait référence à la célèbre phrase de Jean-Marie Le Pen, qui demeure depuis les années 1980 l'incarnation politique de l'antisémitisme et qui lui a valu d'être condamné par la justice. Jean-Marie Le Pen avait réitéré ses propos en 2015, ce qui lui avait alors valu d'être exclu du Front National par Marine Le Pen. Il avait à nouveau été condamné en avril 2016 à 30.000 euros d'amende.
"Olivier Véran tente encore une fois la diversion par le mensonge pour cacher l’inaction de son gouvernement a s’attaquer aux principales causes de l’antisémitisme aujourd’hui, le fondamentalisme islamiste", s'est défendu le RN de son côté auprès de BFMTV.