Antigel, hybride et défricheur

Lancé en 2011, le festival suisse mêlant musique électronique et danse contemporaine se distingue en investissant divers sites industriels implantés dans 22 communes du canton de Genève.

L’underground est mort, vive l’entrepreneuriat et l’événementiel culturel ? A Genève, cette métamorphose s’appelle Antigel, un événement hivernal pluridisciplinaire et nomade, visiblement attendu chaque année comme le messie depuis sa création en 2011 : «Le plus singulier festival d’Europe», vantent nos confrères de Trax ou de l’Obs, un «modèle unique» selon les Cultural Brand Awards de Berlin, où le festival était nommé en novembre.

Rien que ça ? Pourquoi tant d’amour ? Sans doute parce que ses directeurs, Eric Linder et Thuy-San Dinh, ont su scanner le paysage local pour anticiper la demande : la vibrante époque des squats qui firent la réputation de la seconde ville de Suisse dans les années 1990-2000 est révolue. Après la fermeture des lieux autogérés les plus mythiques (Artamis ou Rhino), l’ensemble de la scène indépendante n’en finit pas de grincer des dents (notamment depuis une baisse budgétaire de 2 % annoncée fin 2015) face à des locomotives institutionnelles (le Grand Théâtre) grassement dotées. «Surtout, la culture est encore extrêmement concentrée au centre de Genève, ajoutent-ils, alors que la crise du logement pousse de plus en plus d’habitants à migrer vers les zones suburbaines.»

Au forceps, ces deux passionnés des «nouveaux territoires de l’art» ont donc créé «la case qui manquait». Celle d’un festival hivernal riche en jolies têtes d’affiches (cette année Patti Smith ou Virginie Despentes), visant le défi original de croiser les publics de la musique electronique et ceux de la danse contemporaine (les Journées de la danse suisse, les chorégraphes Maguy Marin ou Jan Martens partageaient l’affiche avec Alessandro Cortini ou Forest Swords). Et proposant surtout comme marque distinctive un volet de programmation déployé sur les sites industriels les plus inattendus (...)

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