"Un angle mort": en plein procès Mazan, Sandrine Josso appelle à "faire bloc" contre la soumission chimique
Un sujet au cœur des débats. Alors que s'ouvre la quatrième journée du procès hors norme de Mazan, la soumission chimique - qui consiste en l'administration "à des fins criminelles de substances psychoactives à l'insu de la victime ou sous la menace, pour commettre un crime ou un délit - est un fléau plus que jamais d'actualité.
"L’arbre qui cache la forêt des violences sexuelles"
Ce jeudi 5 septembre sur BFMTV, la députée Sandrine Josso, qui a accusé le sénateur Joël Guerriau de l'avoir droguée en vue de l'agresser sexuellement, a pris la parole depuis Avignon où elle suit le procès. Sur notre antenne, elle a dénoncé "un fléau de santé publique."
Elle a tout d'abord tenu à saluer "le ton juste et la force de cette femme" qui a été "jetée en pâture sur l'autel du vice."
"Ce qu'elle a fait est remarquable, cela permet à la France entière, au monde entier de se rendre compte à quel point la soumission chimique est l’arbre qui cache la forêt des violences sexuelles", martèle l'élue, qui assiste au procès.
Selon la députée, la soumission chimique "est peu connue dans le public" et ce procès permet de faire la lumière sur "un angle mort" des violences faites aux femmes.
"C’est l’occasion de faire une information et sensibilisation massive. Et comme plus d’une victime sur deux ne se rappelle de rien, on se rend compte à quel point tous ces modus operandi font des ravages dans sa vie, dans sa famille. Il faut vraiment que ça s’arrête, qu’on endigue ce phénomène. Il faut que la société fasse bloc pour qu'enfin on les croie", insiste-t-elle.
Augmentation de 69% des cas en un an
À l'heure actuelle, le nombre de cas reste difficilement quantifiable. En se basant principalement sur les plaintes, l'ANSM recense chaque année depuis 2003 les molécules utilisées par les agresseurs et leur mode opératoire.
Selon la dernière enquête, portant sur 2021, 727 "signalements suspects", 82 "soumissions chimiques vraisemblables" et 354 "soumissions chimiques possibles" ont été recensées cette année-là.
"Entre 2021 et 2022, il y a eu une augmentation de 69% des cas", ajoute Sandrine Josso.
Les agressions sexuelles sont toujours les signalements les plus mentionnés (75,5%), suivies par des violences physiques (6,3%) et des vols (5,1%).
Mais ces cas recensés ne représentent probablement qu'une partie de la réalité - le dépôt de plainte, toujours difficile en matière d'agression sexuelle, l'étant encore plus quand la victime souffre d'amnésie.