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Angie Thomas, une peur noire

Roman jeunesse sur des enfants noirs tués par des policiers blancs, «The Hate U Give» vaut à l’auteure afro-américaine un succès foudroyant aux Etats-Unis. Avec empathie, elle y décrit la vie des victimes et la souffrance de leurs proches, à l’heure du fait divers en boucle et du hashtag facile.

On a lu et entendu leurs noms des dizaines de fois. On a été choqué, révolté, on a été écœuré face à ces images inqualifiables. Michael Brown, Trayvon Martin, Eric Garner, Freddie Gray, Laquan McDonald… Depuis 2013, la liste s’allonge et nourrit le combat du mouvement Black Lives Matter. Mais qu’a-t-on retenu de ces victimes des violences policières aux Etats-Unis ? De leur vie, de la peine de leurs proches ? Pas grand-chose, certainement. Ils renaissent à travers les personnages de The Hate U Give, un roman qui, sans jamais parler d’eux précisément, redonne une réalité à tous ces morts, une place d’individus et plus seulement de victimes, avec un passé, avec une existence. Il nous plonge dans ces moments qui ont précédé leur dernier souffle et, surtout, dans l’immense vide laissé par leur absence chez leurs familles et amis, gagnés par un sentiment d’impuissance et d’injustice.

Starr est noire. L’adolescente de 16 ans, fan du Prince de Bel-Air et de basket, habite dans un quartier défavorisé, marqué par la guerre des gangs, où, au restaurant, caissiers et clients sont séparés par une vitre pare-balles. A 12 ans, quand les familles blanches s’en tiennent à un topo sur les relations sexuelles, elle a droit à un speech paternel sur le comportement à adopter lors d’un contrôle de police : «Tu fais tout ce qu’ils te disent de faire. Garde tes mains en évidence. Ne fais pas de mouvement brusque. Ne parle que si on te pose une question.»

«J’ai choisi d’écrire pour les jeunes»

Un soir qu’elle rentre d’une fête en voiture avec son ami d’enfance Khalil, noir lui aussi, un policier blanc les arrête, pour un phare cassé. Panique à bord. Starr a reçu le mode d’emploi, mais Khalil se (...)

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