"Ce sont des anges": les jeunes en première ligne pour aider les sinistrés en Espagne
Apathiques, rivés à leurs portables pour surfer sur les réseaux sociaux, fragiles? À Valence, les jeunes de la génération "Z", nés après 2000, ont battu en brèche ces préjugés en participant massivement aux opérations de nettoyage et de soutien après les inondations dévastatrices.
"Des centaines sont venus, peut-être des milliers, et ils ont été formidables", résume mercredi auprès de l'AFP Noelia Sáez, une habitante de 48 ans de Catarroja, près de Valence.
Depuis la catastrophe, qui a fait au moins 219 morts et 93 disparus, les jeunes volontaires sont en première ligne pour aider les sinistrés, prenant chaque jour les axes menant aux zones sinistrées, bottes aux pieds, outils en main ou sacs de provisions sur le dos.
"Les plus âgés diront toujours que les gens qui ne sont pas de leur génération sont pires, mais maintenant qu'ils nous ont donné notre chance --que j'aurais préféré ne pas avoir, parce que la situation est difficile-- nous, les jeunes, nous avons bien répondu", estime Angela Noblejas auprès de l'AFP.
Cette étudiante en génie industriel de 19 ans a passé toute la matinée de mardi à donner un coup de main à Algemesí, à une quarantaine de minutes de distance de Valence en temps normal -- peut-être trois fois plus dans les conditions actuelles.
Avec ses amis, ils ont apporté "principalement des produits de nettoyage. Des bottes imperméables, puisqu'il n'y en a plus, des protections, parce qu'il y a beaucoup de boue", résume-t-elle: "C'est très sale, et c'est déjà un peu nocif pour la santé".
Mardi, Angela Noblejas et ses amis ont participé aux opérations de nettoyage et d'aide pour le quatrième jour consécutif. Un engagement entamé samedi, quatre jours après la catastrophe.
Assez vite, dans un contexte marqué par les critiques sur la lenteur des secours, des volontaires, pelles et balais à la main, se sont organisés via les réseaux sociaux pour aider les sinistrés, et nettoyer maisons et rues des communes touchées. Parmi eux, de très nombreux jeunes.
- "Nous nous soucions de la société" -
Angela Noblejas se rappelle avoir grandi en écoutant son grand-père raconter des histoires sur "la Riada", le nom donné à Valence à la crue du fleuve Turia qui a fait des dizaines de morts en 1957.
Et c'est elle qui aujourd'hui emmagasine des expériences qu'elle pourra raconter à son tour à ses enfants et ses petits-enfants: "Je pense que le fait d'y être allée, d'avoir été dans la boue, d'avoir aidé, c'est quand même mieux que devoir leur dire +non, je suis restée à la maison et je n'ai rien fait+".
"Nous nous soucions de la société", abonde son amie Gisela Huguet, 19 ans, étudiante en informatique et mathématiques, rejetant l'idée selon laquelle les membres de sa génération seraient "toujours sur leur téléphone portable, sur les réseaux sociaux, sur les nouvelles technologies".
Tous connaissent des personnes, souvent de leur âge, qui ont souffert de la catastrophe, ce qui peut expliquer aussi leur mobilisation, avance la jeune femme: les victimes et les sinistrés sont "des gens de notre ville, des gens comme nous, des camarades d'université".
José Antonio López-Guitián, un comédien valencien de 61 ans plus connu sous le nom de Tonino, revient lui aussi d'une ville touchée, Massanassa, où il a aidé à nettoyer la boue, qui recouvre encore sa salopette bleue et ses bottes de pluie.
À ses yeux, les jeunes sont effectivement "mous", comme le pensent beaucoup de personnes âgées, mais ils le doivent à une "époque qui n'est peut-être pas si dure".
"Ce sont des gens de leur temps, avec leur portable, et ils n'ont pas besoin d'être comme ceux du passé, chacun appartient à une époque différente", ajoute-t-il. "Je pense, surtout, que ce que les jeunes n'ont pas l'occasion de faire, c'est de faire quelque chose de significatif", et pendant quelques jours, ils ont "un véritable objectif, qui est avant tout d'aider".
À Sedavi, où sa maison a été ravagée par les inondations, Teresa Gisbert, 62 ans, abonde: "Ils nous apportent de la nourriture, ils nous ont aidés". Pour la sexagénaire, ces jeunes "sont des anges".
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