Angélique Cauchy, violée enfant par son entraîneur de tennis : "J'avais 13 ans, il m'a demandé de lui faire une fellation dans un endroit public"

Elle était sous emprise. Violée par son entraîneur de tennis alors qu’elle n’était qu’une enfant, Angélique Cauchy a récemment sorti un ouvrage “Si un jour quelqu’un te fait du mal” (ed. Stock) dans lequel elle revient sur son terrible passé. Pour Yahoo, la jeune femme, désormais mère de famille, a accepté de se confier sur cette douloureuse période, expliquant la manière dont elle parvient, tant bien que mal, à se reconstruire. Un témoignage poignant.

Viols, agressions, deuils insurmontables, accidents de la vie : dans "Trauma", anonymes et célébrités reviennent pour Yahoo sur un traumatisme qui a bouleversé leur vie.

“Je pense de plus en plus à la mort. Je ne vois pas trop d’autres solutions entre le tuer ou me tuer”. Des mots lourds de sens. Violée par son entraîneur de tennis alors qu’elle n’était qu’une enfant, Angélique Cauchy a vécu un cauchemar pendant deux longues années. Un drame dont elle parvient à se relever petit à petit et notamment, grâce à l’écriture. La jeune femme, désormais mère de famille, a récemment sorti un ouvrage “Si un jour quelqu’un te fait du mal” (ed. Stock) dans lequel elle revient sur ses sombres années.

Pour elle, et comme elle le décrit dans son livre, le cauchemar commence en septembre 1999. Elle n’a alors que 12 ans. Jeune espoir du tennis français, Angélique rejoint le club de tennis de Sarcelles, l’un des meilleurs du Val d’Oise. C’est ici qu’elle rencontre son futur bourreau : Andrew Geddes. “Je le crains autant que je l’adore. Il m’encense, me met sur un piédestal et me dit que je suis un diamant brut qu’il va polir”, se remémore-t-elle. Pour lui, la jeune fille a les capacités d’exceller dans ce domaine, de faire partie des 20 premières mondiales. Et rapidement, l’entraîneur prend “une place énorme” dans sa vie. Mais comme elle l’explique, quelque chose ne va pas : “Je sens que cette relation glisse de plus en plus”.

Et malheureusement, ses craintes vont devenir réelles. Il finit par l’embrasser contre son gré, un baiser qui marque le début de l’enfer. Prise dans un piège dont elle ne parviendra plus à sortir, la jeune fille déchante. “Je comprends à ce moment-là qu’il n’a pas du tout la place que j’ai envie qu’il ait”. Puis, rapidement, tout s’accélère. Dans les semaines qui suivent, les agressions sont de plus en plus violentes. “Il me demande de le masturber, de lui faire des fellations puis finit par me masturber, par me pénétrer avec ses doigts puis finalement avec son sexe”.

Angelique revient notamment sur un moment en particulier, un tournoi de tennis à Saint-Germain-en-Laye durant lequel la jeune fille, âgée de 13 ans à l’époque, a fait un pas de plus dans l’horreur. À l'époque, la jeune fille est numéro 2 française. "C'est lui qui m'amène", raconte-t-elle, avant de livrer de sordides détails : "Et c'est la première fois qu'il me demande une fellation dans un endroit public". "Il y a ce viol juste avant de rentrer sur le court, et après, je dois quand même faire un match de tennis". Et d'ajouter : "À ce moment-là, il est en train de me détruire mais mes parents pensent que je pleure parce que je suis en train de perdre un match de tennis".

Angélique n’est plus que l’ombre d’elle-même et se mûre dans le silence. “Je pense de plus en plus à la mort”. Une option qu’elle ne choisira finalement jamais pour trois raisons. Premièrement, car elle ne veut pas faire de mal à ses parents, deuxièmement, parce qu’elle ne veut pas que le mal l’emporte sur le bien, et dernièrement, car elle sait très bien qu’il s’agit du match le plus long de sa vie, un match qu’elle se refuse de perdre.

Elle met alors en place des stratégies d’évitement puis finit par se confronter à son agresseur, lui exprimant son envie de mettre un terme à toute cette infamie. Mais pour Angélique, le cauchemar continue. “Il me dit qu’il a le sida et qu’il me l’a donné”. Une phrase qui va la hanter pendant plusieurs années. “Je pense que je ne serai jamais adulte, je pense que je n’aurai jamais mon bac, je pense que je ne serai jamais maman. J’ai l’impression que la mort est toujours à côté de moi”, confie-t-elle tout en expliquant avoir fait un test HIV, seulement cinq ans plus tard, lorsqu’elle parvient enfin à se rendre chez le médecin sans être accompagnée par sa mère. Et finalement lorsqu’elle reçoit le résultat de ses analyses, c’est le choc. “C’était négatif”. Déboussolée par cette nouvelle, Angélique se sent “soulagée” mais ressent toutefois de la colère. “C’est cinq ans qu’il m’a encore volée”. Cinq ans pendant lesquels elle n’a pas eu de relations intimes par peur de transmettre le sida à ses conquêtes. “J’ai vécu dans l’angoisse et ça m’a empêchée de me projeter sur certaines choses”.

Finalement, ce n’est qu’à 27 ans, suite à l’appel d’une co-victime, qu’Angélique décide de porter plainte. S’ensuivent six ans de procédure pénale. En 2020 vient le temps du procès, dix jours en cours d’assises, un procès pendant lequel elle découvre toutes les autres atrocités commises par son entraîneur. “Ce flot d’informations est très difficile à gérer, mais en 10 jours, j’ai l’impression de faire 10 ans de psychothérapie”. Finalement, Angélique en sort grandit. “18 ans de réclusion criminelle. C’est une peine exemplaire et je mesure la chance d’avoir été reconnue victime par la justice française parce que les statistiques ne sont pas en faveur des victimes”. Et ce n’est pas tout. En plus de sa peine de détention, Andrew Geddes a également écopé de cinq ans de suivi socio-judiciaire, d’une interdiction à vie d’approcher ses victimes et d'une interdiction à vie d’être en contact avec des mineurs.”Toutes ces peines-là qui sont autour, on en parle rarement mais ce sont des peines qui servent à protéger la société”.

À LIRE AUSSI >> Viols de Mazan - Caroline Darian, fille de Gisèle Pélicot : "Plus de 70 individus sont venus à notre domicile pour violer ma mère"

Depuis, Angélique dit aller bien mais depuis peu. La mère de famille tente de se reconstruire comme elle le peut, notamment grâce à l’écriture. Elle a d’ailleurs récemment sorti un ouvrage “Si un jour quelqu’un te fait du mal” (ed. Stock) dans lequel elle revient sur cette douloureuse période. Pour elle, ce livre agit comme un exutoire. “Il est pour mon fils et pour tous les enfants d’aujourd’hui”, a-t-elle confié tout en rappelant qu’en France, actuellement, un enfant se fait violer toutes les trois minutes. Face à ce terrible constat, elle espère de tout cœur que son fils ne soit jamais victime mais aussi, qu’il ne devienne jamais agresseur. "J’espère qu’il le lira un jour et qu’il sera fier de la femme que je suis devenue car j’espère être vraiment à la hauteur de la petite fille de 12 ans que j’étais".