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Angela Merkel et la BCE durcissent le ton envers la Grèce

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis. Tandis qu'Angela Merkel répète qu'il n'est pas question d'effacer une partie de la dette grecque, un responsable de la Banque centrale européenne menace de couper les fonds aux banques grecques si Athènes ne prolonge pas son programme d'aide. /Photo prise le 30 janvier 2015/REUTERS/Kostas Tsironis

par Paul Carrel et Jussi Rosendahl

BERLIN/HELSINKI (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel a répété samedi qu'il n'était pas question d'effacer une partie de la dette grecque tandis qu'un responsable de la Banque centrale européenne (BCE) a menacé de couper les fonds aux banques grecques si Athènes ne prolongeait pas son programme d'aide.

La BCE et l'Allemagne, premier payeur de la zone euro, sont nerveuses depuis la large victoire dimanche dernier du parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras, qui a promis à ses compatriotes la fin de "l'humiliation et de la souffrance" après cinq années d'austérité.

Le nouveau Premier ministre a aussi affiché son intention de renégocier les accords conclus par ses prédécesseurs avec la "troïka" des créanciers de la Grèce, la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI), et d'effacer une partie de la dette du pays, qui dépasse 320 milliards d'euros, soit 175% du produit intérieur brut (PIB).

Angela Merkel a une nouvelle fois rejeté catégoriquement une telle hypothèse.

"Il y a déjà eu un abandon de créance volontaire de la part de créanciers privés; la Grèce a déjà été exemptée de milliards d'euros par les banques. Je n'imagine pas un effacement de dette supplémentaire", a déclaré la chancelière au journal allemand Die Welt.

"L'Europe va continuer à manifester sa solidarité envers la Grèce, comme envers les autres pays qui ont particulièrement souffert de la crise, à condition que ces pays fassent les réformes et les économies nécessaires", ajoute-t-elle dans un entretien publié samedi.

La Grèce, qui ne peut toujours pas emprunter sur les marchés en raison des taux d'intérêt élevés, a assez de liquidités pour couvrir ses besoins pendant les deux prochains mois mais elle a une échéance de remboursement de dette d'environ 10 milliards d'euros qui se profile l'été prochain.

LA BCE POURRAIT COUPER LES FONDS

Sans le soutien des bailleurs de fonds internationaux, elle risque donc de replonger dans une grave crise financière.

Lors d'un entretien avec le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, vendredi, le nouveau ministre grec des Finances Yanis Varoufakis n'en a pas moins dit son refus de prolonger le programme d'assistance financière d'Athènes et de coopérer avec la mission d'inspection de la "troïka".

L'actuel programme d'aide à la Grèce expire le 28 février. Yanis Varoufakis doit être reçu dimanche par son homologue français Michel Sapin, au surlendemain d'un entretien entre François Hollande et Angela Merkel qui ont fait part de leur "convergence" sur le dossier grec.

La BCE a de son côté annoncé que les obligations souveraines grecques ne seraient pas éligibles au programme de rachat d'actifs qu'elle vient de dévoiler, la dette grecque étant toujours classée par les agences de notation en catégorie spéculative.

En revanche, la banque centrale peut prêter de l'argent aux banques grecques puisque le pays bénéficie d'un programme d'aide.

Erkki Liikanen, membre du Conseil de gouvernance de la BCE, a cependant prévenu samedi que l'institution monétaire pourrait fermer les robinets si le-dit programme, déjà étendu de deux mois, n'est pas prolongé.

"Le programme étendu expirera à la fin février donc il faut trouver une solution, sans quoi nous ne pourrons pas continuer à prêter de l'argent (aux banques)", a déclaré Erkki Liikanen, qui est aussi gouverneur de la banque centrale finlandaise, à la chaîne publique YLE.

(Tangi Salaün pour le service français)