André Magnin : « Frédéric Bruly Bouabré m’a construit »
Amoureux de la langue française, Frédéric Bruly Bouabré, fonctionnaire des colonies, voulait entrer au « Panthéon de Victor Hugo », selon son expression. Celui qui a passé sa vie à relever ce qu'il observait est certainement entré au « Panthéon de Picasso ». Exposé dans de nombreux musées de par le monde, aujourd'hui à New York au MoMa, il a retranscrit un monde d'observation à travers des dessins sur de petites cartes, toujours au même format. Né vers 1923 et décédé en 2014, Bouabré a marqué l'histoire de l'art contemporain.
Fréderic Bruly Bouabré utilise un stylo et des crayons de couleur, sur des cartes de 9.5 x 15 cm, « fiches d’emprunts de bibliothèque » ou « cartons mèches darling ». © Grégory Copitet
Dans les années 1970, Bouabré commence à « relever » tout ce qui vient à lui, ce qu'il observe, ses songes, ses révélations… Cette œuvre, riche aujourd'hui de quelque 4 000 dessins réunis sous le titre de « Connaissance du Monde », est une sorte d'encyclopédie des savoirs du monde. Commissaire d'exposition et galeriste, André Magnin l'a découvert et fait connaître à travers le monde. Grâce à cette exposition parisienne, on pénètre dans l'univers fascinant d'un artiste qui a aussi inventé l'alphabet Bété. André Magnin nous dévoile une partie de l'univers complexe de cet artiste. Entretien.
Le Point Afrique : Pouvez-vous raconter comment vous avez découvert cet artiste et les circonstances de cette rencontre ?
André Magnin : Notre rencontre, c'était le 11 a [...] Lire la suite