Un an après leur exode, les réfugiés du Haut-Karabakh sont des “parias” en Arménie

Le journal arménien Novoïe Vremia dresse un constat amer ce 24 septembre : “Un an s’est écoulé depuis l’exode de l’ensemble de la population du Haut-Karabakh.” Un exode qui, selon l’article du journal russe proche du Kremlin Vzgliad, “a clos le dernier chapitre de l’histoire des Arméniens de l’Artsakh”, le nom donné à l’ancienne république séparatiste en Arménie.

Après sa défaite face à l’Azerbaïdjan lors d’une guerre de deux jours, les 19 et 20 septembre 2023, sa population encore présente, soit 120 000 personnes, avait fui vers l’Arménie.

Les Arméniens du Karabakh, explique Vzgliad, “restent distincts à leur manière, avec leur propre dialecte, leur propre culture, leurs propres traditions et même leurs propres croyances.

Le Haut-Karabakh, de 1923 à 2023.. ATLAS HISTORIQUE (G. DUBY, LAROUSSE), LE DESSOUS DES CARTES (SEPTEMBRE 2023)
Le Haut-Karabakh, de 1923 à 2023.. ATLAS HISTORIQUE (G. DUBY, LAROUSSE), LE DESSOUS DES CARTES (SEPTEMBRE 2023)

Est-ce cependant une raison pour que les Karabakhis se sentent, un an après l’exode, comme “des parias en Arménie même ?” s’interroge Vzgliad. Ils ont “de petites pensions, ou des bourses s’ils sont jeunes étudiants, mais la plupart des 100 000 réfugiés ont du mal à s’adapter à la vie en Arménie”, poursuit le site russe.

Selon les statistiques, près de 20 000 Arméniens karabakhis ont quitté l’Arménie en 2023 et en 2024, “pour s’installer soit en Russie, soit encore plus loin”.

“Échec complet”

À l’occasion de ce triste anniversaire pour son peuple, Samvel Chahramanian, le dernier président du Haut-Karabakh, a déclaré : “Il m’est très pénible d’entendre différentes déclarations de hauts fonctionnaires d’Erevan qui pensent que nous, le peuple de l’Artsakh, sommes des invités en Arménie, [et] qui pensent que la reconnaissance par Erevan en 2023 de l’Artsakh en tant que partie de l’Azerbaïdjan est une victoire pour l’Arménie”, relaie dans un autre article Novoïe Vremia.

En avril 2024, le Premier ministre de l’Arménie, Nikol Pachinian, avait appelé à renoncer une fois pour toutes à l’idée que le Haut-Karabakh soit une terre arménienne, exhortant le pays à se concentrer sur les intérêts de “l’Arménie réelle” et non de “l’Arménie historique”.

Le sort de huit anciens leaders karabakhis est, d’après le site arménien Tert, un signe supplémentaire de l’indifférence d’Erevan envers les Karabakhis. L’ex-Premier ministre du Karabakh, l’oligarque milliardaire russo-arménien Rouben Vardanian, est notamment en détention à Bakou depuis un an.

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