Amnesty dénonce les disparitions forcées du régime syrien

Manifestation Amnesty International en soutien au peuple syrien, à Paris, en mai 2012. L'Etat syrien et ses milices alliées sont responsables de dizaines de milliers de disparitions depuis 2011, selon Amnesty International qui dénonce un crime contre l'humanité commis par Damas. /Photo prise le 29 mai 2012/REUTERS/Julien Muguet

LONDRES (Reuters) - L'Etat syrien et ses milices alliées sont responsables de dizaines de milliers de disparitions depuis 2011, écrit jeudi Amnesty International qui dénonce un crime contre l'humanité commis par Damas. Le rapport de l'association de défense des droits de l'homme s'appuie sur les témoignages de proches de disparus qui, précise Amnesty, ont dû payer des intermédiaires pour obtenir des informations sur leur sort, nourrissant un marché lucratif. Amnesty précise avoir sollicité les autorités syriennes, qui n'ont pas répondu à ses questions. "Les disparitions forcées commises depuis 2011 par le gouvernement syrien ont été perpétrées dans le cadre d'une agression organisée, étendue aussi bien que systématique, contre la population civile", écrit Amnesty. D'après le rapport, qui cite le Réseau syrien des droits de l'homme, plus de 65.000 personnes, des civils pour la plupart, ont été victimes de ces disparitions forcées entre le début de la crise, en mars 2011, et août 2015. Selon les informations recueillies par Amnesty, les détenus sont entassés dans des cellules surpeuplées, soumis à la torture, exposés à des maladies et privés de soins médicaux. Le rapport donne la parole à Salam Osman, un Syrien qui a été victime de ces pratiques entre 2011 et 2014. "Des gens mouraient (en détention), ils étaient remplacés", dit-il. "Je n'ai pas quitté la cellule pendant les trois années de ma détention, pas une seule fois. De nombreux détenus devenaient hystériques et perdaient la raison." Amnesty note que des fonctionnaires ou des intermédiaires ont accumulé d'importantes sommes d'argent en vendant des informations à des familles de détenus. Celles-ci, redoutant des représailles, préfèrent faire appel à eux plutôt que d'adresser des plaintes formelles aux autorités. Les sommes versées à ces intermédiaires varient de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Amnesty enquête également sur le comportement des groupes armés de la rébellion et publiera dans les prochains mois un rapport sur leurs abus en matière de détentions. (Sylvia Westall et Janet Lawrence; Henri-Pierre André pour le service français)