Amnesty accuse les forces d'Assad de crimes de guerre à Yarmouk

BEYROUTH (Reuters) - Amnesty International accuse lundi les forces du président syrien Bachar al Assad de crimes de guerre lors du siège de Yarmouk, qui se poursuit dans le sud de Damas. L'ONG basée à Londres affirme que le siège de ce faubourg de la capitale syrienne, tenu par les rebelles et qui abritait autrefois des centaines de milliers de réfugiés palestiniens, a coûté la vie à près de 200 civils, dont la plupart sont morts de faim. "Le gouvernement syrien a commis de nombreux crimes de guerre dans le cadre du siège de Yarmouk", écrit Amnesty dans un rapport rendu public lundi. "Des centaines de civils vivant à Yarmouk ont été tués, blessés ou ont succombé à une famine délibérément provoquée, à la destruction de leurs moyens de survie, aux attaques aveugles ou alors directement dirigées contre eux", ajoute le groupe. Il reste actuellement environ 20.000 personnes à Yarmouk. Le siège qui a débuté fin 2012 s'est resserré l'an dernier quand des djihadistes du Front al Nosra, lié à Al Qaïda, et de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont venus prêter main forte aux combattants rebelles. Depuis lors, 194 civils sont morts à Yarmouk, les deux tiers de faim, ajoute Amnesty. Grâce à un accord conclu à la mi-janvier, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a pu distribuer des vivres dans le quartier mais ses opérations ont été freinées par la poursuite des combats et restent largement insuffisantes. Le porte-parole de l'UNRWA, Chris Gunness, a déclaré lundi que les bombardements se sont poursuivis durant le week-end à Yarmouk et que son agence n'a pu y distribuer de l'aide depuis neuf jours. "Le siège de Yarmouk s'apparente à un châtiment collectif imposé à la population civile", estime Philip Luther, directeur d'Amnesty International dans la région. "Le gouvernement syrien doit mettre fin immédiatement à ce siège et permettre aux agences humanitaires de porter assistance aux populations civiles dans la souffrance." (Dominic Evans; Guy Kerivel pour le service français)