Amir : "Le jour où ma mère est morte, le ciel m'est tombé sur la tête. Pendant des mois, j'ai essayé de me raccrocher à la vie mais sans grand succès"

En septembre 2024, Amir faisait son grand retour sur la scène musicale avec un nouvel album baptisé "C Amir". Un opus intime et symbolique, écrit quelques mois après le décès brutal de sa mère, Carmi Haddad. Pour Yahoo, Amir revient sur sa difficile reconstruction, et les trésors d'espoirs qu'il lui a fallu déployer pour retrouver le chemin du bonheur.

S'il n'a pas remporté "The Voice" en 2014, Amir a assurément gagné le cœur du public français. Représentant de la France au concours Eurovision en 2016, le chanteur fait aujourd'hui partie des artistes populaires de la scène tricolore. Marié et père de trois enfants, il a, ces dernières années, pansé ses plaies en silence, près des siens. Car depuis 2023, il lui faut vivre avec l'absence de sa mère, celle à qui il rend hommage dans certaines chansons de son nouvel album, "C Amir".

En avril 2023, Amir prenait la plume pour annoncer l'indicible. Sur son compte Instagram, le chanteur apprenait alors à ses fans la mort de sa mère, Carmi Haddad. "Maman chérie, être ton enfant c’est grandir heureux. Aimé, abrité, soutenu, et fort devant tout. Enfin tout… sauf cet énorme vide depuis ton départ. Je t’aime maman, merci pour ce que tu as été et laisseras dans nos cœurs incrédules, un diamant, une étoile filante." Quelques mots bouleversants qui ne disent qu'une infime partie de la douleur éprouvée. Alors Amir s'éloigne des réseaux sociaux et de la scène médiatique. Car il lui faut assimiler le décès de sa mère, survenu seulement vingt mois après un combat contre le cancer du pancréas.

"Un combat qui a d’abord engagé ma mère, évidemment, mentalement et physiquement, puis nous autour, ses enfants, mon père, mes oncles et mes tantes" se souvient Amir. Pendant ces longs mois, le chanteur et les siens s'accrochent à de menus espoirs, "jusqu'à la dernière minute et malgré une dégradation évidente et progressive." Mais comment se résoudre à pareille évidence ? Pour Amir, qui a toujours été très proche de sa maman, les faits ne suffisent pas. Ainsi espère-t-il encore et toujours. Jusqu'au dernier souffle, auquel personne ne peut jamais être vraiment préparé : "Le jour où c’est arrivé, c’était quand même le ciel qui nous est tombé sur la tête".

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La période qui suit est obscure. Pour se raccrocher à la vie, Amir se réfugie dans le travail, auprès des membres de sa famille, "sans grand succès". "J'étais assez éteint. Je ne pouvais parler que de ça, ou de rien du tout" se souvient-il aujourd'hui. Avec le recul, le chanteur nourrit un grand regret quant au décès de sa mère, celui de "ne pas avoir pris suffisamment conscience qu’un jour elle disparaîtrait". Car, tout au long du combat de Carmi Haddad contre le cancer, Amir s'est jeté à corps perdu dans l'action, "sur le faire plutôt que sur l'être", refusant de considérer une fin dramatique. Et finalement, lorsque le pire est arrivé, c'est dans la musique que l'artiste a trouvé son meilleur refuge.

En septembre 2024, plus d'un an après la mort de sa mère, Amir dévoilait son nouvel album, "C Amir", fruit d'un travail de reconstruction intense. "C’est un album qui est né dans la spontanéité, quelques mois après le décès de ma mère. Je me suis retrouvé dans une sorte de vide existentiel, j’avais une grande difficulté à exprimer ma peine et à la partager avec des gens" explique-t-il à Yahoo. Incapable de dire à voix haute l'immensité de sa peine, c'est finalement sur le papier qu'Amir parvient à la coucher. Une "démarche thérapeutique" devenue "encore plus vitale qu'avant".

Avec un groupe d'amis réuni dans une maison du Sud de la France, le chanteur crée alors "C Amir", un album intime et symbolique, le tout en seulement dix jours. L'expérience est salvatrice pour Amir qui se dit aujourd'hui "très heureux" : "Je pense qu’il n’y a rien de plus éducatif que de toucher le fond, que de goûter au pire, que de traverser une peine. Un coeur brisé est un coeur entier."

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Évidemment, rien ni personne ne saurait calmer la souffrance provoquée par l'absence de sa mère. Mais à l'approche de la quarantaine, Amir veut voir en ce drame l'opportunité de devenir un homme meilleur, façonné par des évnements tragiques, comme heureux : "J’ai un fond de peine en moi qui ne disparaîtra jamais mais qui m’a appris à prendre conscience de la valeur de la joie, du bonheur, de la vie".

"Je ne me rendais pas compte, au matin du 7 octobre qu’on était en train de ivre un évènement qui allait changer le monde"

C'est avec une grande sagesse que le chanteur aborde désormais son existence, ainsi que l'actualité souvent obscure. Dans son album "C Amir" figure ainsi un titre baptisé "Supernova", et lié aux évènements sanglants du 7 octobre 2023. Une journée noire pour Israël et l'avenir du Proche-Orient, au cours de laquelle les attaques du Hamas ont fait plus de 1200 morts et 250 otages lors du Festival de musique de Reïm. Avec sa chanson "Supernova", Amir a souhaité rendre hommage aux victimes, "dans un monde où tout va vite et où on a tendance à oublier" nous confie-t-il. Et d'ajouter : "Il n’y a rien de légitime dans une attaque terroriste, ça m’a encore plus heurté et bouleversé quand on s’en prend à des gens qui sont venus aimer, danser, vivre."

De confession juive, Amir a vécu pendant plusieurs années en Israël. Alors, au matin du 7 octobre 2023, il ne réalise pas l'ampleur de la tragédie. "Aujourd'hui, on est à peine en train de réparer, ramasser débris par débris ce qu’il s’est passé pour rééduquer, pour reformer" confie-t-il, tout en réaffirmant son désir féroce de "croire quand même en un monde de paix et de coexistence", même s'il concède le fait que "beaucoup d’espoirs ont volé en éclats ce jour-là" : "C’est un massacre sans nom, abominable".

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