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Amina Frühauf, mère de Bilal Hassani, raconte son combat contre le harcèlement

TÉMOIGNAGE - Amina Frühauf a aidé ses fils à se créer une carapace face aux faits de harcèlement dont ils ont été victimes au cours de leur enfance. La maman de Bilal Hassani a décidé de raconter ses combats dans Être mère, Taha, Bilal et moi (Éditions Michel Lafon), disponible ce jeudi 3 février.

Elle y raconte le racisme et l’homophobie à l’école qui a eu pour conséquence de voir Bilal Hassani être exclu de son collège en 4e après avoir embrassé un garçon, comme elle l’explique dans notre interview vidéo en tête d’article.

“Son renvoi, je l’ai très mal vécu, ça a été un grand moment de solitude. Des parents sont allés voir le directeur et ne voulaient pas que Bilal, homosexuel, reste dans le même établissement que leurs enfants. Ça a été une terrible injustice et il a fallu expliquer à Bilal qu’il ne pouvait pas finir son année scolaire à cause de son orientation sexuelle.”

Son frère Taha n’est pas été épargné par les remarques: on se moque de ses “cheveux de mouton” ou de sa couleur de peau. Face à cette violence, Amina Frühauf décide de créer des outils éducatifs pour ne jamais briser les liens et être à l’écoute de ses enfants.

Un “confessionnal” et une “table des savoirs”

Elle imagine le “confessionnal du dimanche”, moment au cours duquel ses enfants peuvent lui poser toutes sortes de questions et revenir sur des situations auxquelles ils ont pu être confrontés à l’école les jours précédents.

“Il y avait une classe d’enfants autistes dans l’école primaire de Bilal. C’est dans ce ‘confessionnal’ qu’il a osé me poser des questions à ce propos et comprendre ce qu’était un enfant autiste, sans tabous ni jugement”, explique cette maman originaire du Maroc, venue en France à l’âge de 23 ans pour s’émanciper en tant que femme et mener des études d’œnologie.

Elle confie d’ailleurs avoir planifié l’éducation de ses enfants avant même de les avoir. “L’objectif était de garder le fil avec mes enfants pour qu’ils puissent se confier lorsqu’ils en ressentaient le besoin et surtout qu’ils n’intériorisent pas ce à quoi ils étaient confrontés à l’école.”

Elle a aussi décidé de transformer une table basse en une “table des savoirs”, sur laquelle tout type de magazines étaient proposés à la lecture aux enfants. La sélection allait de la revue XXI, au Guide du zizi sexuel de Zep, sans oublier les magazines de mode, alors même qu’elle était la seule femme du foyer. “Il n’y avait pas de jugements ou de discriminations culturelles: chacun était libre de choisir ses revues et Bilal lisait beaucoup ces magazines,” souligne-t-elle.

Le harcèlement durant l’Eurovision

Dans son ouvrage poignant, Amina Frühauf revient également sur l’Eurovision 2019, où Bilal Hassani avait terminé à la 14e place. Avant d’interpréter brillamment le titre “Roi” à Tel-Aviv, l’artiste avait bien failli tout abandonner en raison de la vague de cyberharcèlement à laquelle il a dû faire face les jours précédents la compétition.

“Quand on a vu cette vague de cyberharcèlement, la solution qu’on a trouvée à l’époque c’était de lui retirer ses comptes pour qu’ils soient gérés par un community manager. On m’a déconseillé d’aller lire les messages sur Youtube ou Twitter mais je regardais quand même. Il y avait quand même des appels au meurtre. C’était d’une violence inouïe”, se souvient-elle. Face au torrent de haine, le chanteur avait décidé de porter plainte contre X pour injures et menaces homophobes.

Amina Frühauf espère que son histoire pourra inspirer les parents dont les enfants sont, comme Taha et Bilal, victimes de harcèlement scolaire. ”Je ne peux pas changer la société à moi toute seule, mais si je mets deux enfants au monde et arrive à leur transmettre les principes de bases que sont le droit à la différence et la tolérance, alors j’aurais contribué à construire une société meilleure.”

À voir également sur Le HuffPost: “Kingdom”: Bilal Hassani nous raconte le sens de son titre “Roi”

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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