AME : près de 3 500 médecins promettent de « désobéir » si l’aide médicale d’État est supprimée
« Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins », est-il écrit dans cet appel signé par des professionnels de santé.
SANTÉ - C’est une « déclaration de désobéissance ». Environ 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l’aide médicale d’État (AME) aux sans-papiers, s’engagent à « désobéir » et « continuer de soigner gratuitement » ces malades si le dispositif devait disparaître.
« Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au Serment d’Hippocrate que j’ai prononcé », est-il annoncé dans un appel transmis ce samedi 11 novembre à l’AFP.
« Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu’à leur langue et leur nationalité », promettent les signataires.
« La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l’erreur épidémiologique », poursuivent-ils. Avant de conclure : « patients d’ici et d’ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera ».
Le texte a été initié par deux psychiatres chefs de service dans les hôpitaux Henri Mondor de Créteil et le CHI de Créteil, les Pr Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte.
Un coût de 1,2 milliard d’euros annuels pour 400 000 bénéficiaires
L’AME couvre à 100 % les frais de santé des étrangers présents sur le sol français depuis au moins trois mois. Ses détracteurs l’accusent de générer un « appel d’air » pour l’immigration clandestine et de coûter « trop cher », actuellement 1,2 milliard d’euros annuels pour 400 000 bénéficiaires (3 000 euros par an par bénéficiaire).
Lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration, cette semaine, le Sénat a adopté un amendement qui la supprime et la transforme en « aide médicale d’urgence ». Le gouvernement ne s’y est pas opposé, mais le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a depuis indiqué qu’il ne « souhaitait pas » que le texte reste en l’état.
« Beaucoup de médecins libéraux ont signé, généralistes ou spécialistes. S’ils reçoivent un patient non couvert, ils ne seront pas payés. C’est une prise de position très forte », a expliqué le Pr Pelissolo.
« Dans les hôpitaux, c’est bien une désobéissance. Je peux ne pas déclarer une consultation. Dans le cas d’une hospitalisation, ce sera aux frais de l’hôpital. C’est ma décision même si c’est contre les règles habituelles de l’hôpital », a-t-il précisé.
Parmi les autres signataires figurent l’urgentiste Patrick Pelloux, Julie Chastang, vice-présidente du Collège de médecine générale et le nephro-pédiatre Rémi Salomon.
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