Amérique fracturée et suprémacisme blanc: «The Order», thriller antisensationnaliste aux échos très actuels
Jean bleu, t-shirt blanc, camionnette pick-up et gueule d'ange: en apparence, Bob Matthews (Nicholas Hoult) a tout de l'Américain typique. Impossible de deviner, en le croisant au dîner, qu'il est le dangereux leader d'une faction armée néonazie. Et c'est précisément l'objectif. Dans The Order, basé sur une histoire vraie et adapté du livre The Silent Brotherhood de Kevin Flynn et Gary Gerhardt (publié en 1989), le réalisateur australien Justin Kurzel raconte la traque de Bob Matthews et de son groupuscule de suprémacistes blancs dans le Nord-Ouest américain en 1984.
Présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024, le film suit Terry Husk (Jude Law), un agent du FBI désabusé, qui s'installe dans une petite ville de l'État de Washington (nord-ouest des États-Unis) pour enquêter sur le groupe nationaliste et recrute rapidement un jeune policier, Jamie Bowen (l'excellent Tye Sheridan), pour l'aider. Un vétéran chevronné aux méthodes peu conventionnelles, qui prend sous son aile un petit jeune idéaliste: The Order s'autorise quelques archétypes du thriller policier. Mais avec son récit sec et efficace, Justin Kurzel (Macbeth, Assassin's Creed, Nitram) évite soigneusement tout sensationnalisme et s'applique plutôt à raconter l'histoire d'un extrémisme qui se cache en plein jour.
Pas de croix brûlées
Si l'idéologie de Bob Matthews n'est pas très éloignée de celle du Ku Klux Klan, les méthodes des membres du groupe néonazi The Order sont en revanche plus discrètes, ce qui explique pourquoi le FBI, dans le film, a tant de mal à leur mettre la main dessus. Dans la seule scène du film où l'on voit une croix brûler, le leader réprimande aussitôt ses sbires et demande à ce qu'elle soit éteinte, afin de ne pas attirer l'attention.
Bob Matthews a bien compris que pour arriver à ses fins, il fallait se fondre dans le décor. Une vraisemblable divergence d'opinion avec Richard Butler,…