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Alzheimer : le médicament qui change la donne

Le Pr Bruno Dubois* est une sommité qui fait référence en matière de recherche clinique. Sa force est d’être à la fois chercheur et clinicien. Il connaît les aspects biologiques de la maladie et observe en direct ses effets et ceux des traitements sur les patients. C’est une rareté précieuse. Avec ses équipes, il a participé aux études sur l’aducanumab.

Paris Match. Ce traitement, testé par les laboratoires Biogen, vous semble-t-il prometteur ?
Pr Bruno Dubois. Très. Il a prouvé son efficacité sur des études préliminaires à la fois en faisant baisser les lésions dans le cerveau et en améliorant les symptômes cognitifs. Jusqu’alors, on avait testé des médicaments efficaces sur les lésions mais qui n’entraînaient par d’amélioration des symptômes. Cela interrogeait notre connaissance de la maladie d’Alzheimer. Avec l’aducanumab, on a l’impression, si je puis dire, qu’on tient le bon bout.

A la Salpêtrière, vous avez participé aux études sur cette thérapie.
Oui, avec 33 de nos patients, nous sommes le centre le plus impliqué dans cette expérimentation.

Cette étude a connu des rebondissements inattendus…
En effet, au milieu de l’étude, le laboratoire a voulu effectuer une “analyse de futilité”, c’est-à-dire demander à un organisme indépendant d’observer les résultats entre le groupe placebo et le groupe traité. Ceux-ci étaient nuls. Vu l’investissement financier, le laboratoire était à deux doigts de laisser tomber. Entre-temps, on a ajouté 300 patients et, trois mois plus tard, coup de théâtre, on a découvert une amélioration objective des lésions, des symptômes cognitifs et de l’autonomie du patient ! C’est pour cela que je n’arrête pas de marteler qu’il faut toujours aller au bout de l’expérience, que le temps scientifique n’est pas celui des actionnaires. Il faut donner sa chance au produit !

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On observe une stabilisation de la maladie ; en clair, les pertes de mémoire sont freinées

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Comment fonctionne l’aducanumab ?
Pour simplifier, c’est un anticorps qu’on a prélevé dans du sang de personnes âgées qui n’ont pas développé la maladie. Il reconnaît les fameuses(...)


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