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Alstom et Siemens confirment discuter, la France bienveillante

PARIS/MUNICH (Reuters) - Le français Alstom et l'allemand Siemens ont confirmé vendredi soir qu'ils discutaient d'un éventuel rapprochement de leurs activités ferroviaires.

Les autorités françaises, a-t-on déclaré de source française, voient d’un "très bon oeil" ces discussions susceptibles de donner naissance à un spécialiste du ferroviaire qui serait très compétitif dans un marché désormais difficile.

Le porte-parole du gouvernement avait auparavant indiqué que la France n'avait rien contre une telle opération si l'emploi était préservé.

"Il n’y a pas d’inquiétude du côté français quand des grandes entreprises travaillent à des rapprochements si les synergies ne se font pas au détriment de l’emploi", avait dit à la presse Christophe Castaner.

"Alstom confirme l'existence de discussions avec Siemens relatives à un possible rapprochement entre Alstom et la division Mobility de Siemens", écrit le groupe français dans un bref communiqué.

"Aucune décision finale n'a été prise, les discussions sont en cours et aucun accord n'a été conclu."

Un porte-parole de Siemens a aussi confirmé l'existence de ces discussions.

Selon le journal Le Monde, une annonce pourrait être faite dès mardi 26 septembre, au lendemain des élections allemandes, un conseil d'administration d'Alstom étant prévu ce jour-là.

Selon Le Monde, le dossier a été discuté entre les services d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel. Siemens envisage d'apporter à Alstom ses activités ferroviaires, à la fois le matériel roulant et l'activité signalisation - qui seraient valorisés autour de 7 milliards d'euros -, et le groupe français lancerait en échange une augmentation de capital réservée au conglomérat allemand, détaille le quotidien.

Dans ce scénario, Siemens pourrait ainsi obtenir, selon la prime qu'il consentirait et les valorisations retenues, entre 45% et 50% du capital d'Alstom.

Une source proche du dossier avait déclaré jeudi à Reuters que Siemens discutait d'une fusion de son pôle ferroviaire avec celui d'Alstom ou du canadien Bombardier et qu'il choisirait dans les jours à venir avec lequel des deux il poursuivrait les négociations.

"LES CHANCES D'ALSTOM SONT MEILLEURES"

Siemens a noué des partenariats tant avec Alstom qu'avec Bombardier. Une source proche des discussions a déclaré à Reuters vendredi que le conglomérat allemand n'avait pas encore tranché en faveur ou contre Alstom.

"Les chances d'Alstom sont meilleures", a dit une autre source, au fait du dossier, tout en ajoutant : "Tout reste ouvert, ça bouge beaucoup."

S'il choisissait le groupe français, Siemens prendrait une participation majoritaire dans le groupe, 50% plus quelques actions, mais le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge resterait à la tête de l'entité fusionnée, a précisé la première source.

La situation financière d'Alstom est plus forte que celle de Bombardier, a noté la deuxième source. Le groupe canadien, a-t-elle ajouté, veut le contrôle du nouveau groupe, ce qui n'est pas acceptable pour Siemens.

En outre, a poursuivi cette source, les positions des responsables politiques français et allemands sont alignées concernant un accord entre Siemens et Alstom.

Un porte-parole de Bombardier n'a pas souhaité faire de commentaire.

ALSTOM BONDIT EN BOURSE

Les analystes de JPMorgan, dans une note publiée jeudi, estiment qu'un rapprochement entre Siemens et Alstom conviendrait mieux d'un point de vue industriel qu'un rapprochement avec Bombardier.

En fonction du prix de l'accord, ils estiment que les synergies de coûts entre Siemens et Alstom pourraient plus que compenser les effets négatifs liés à l'activité des matériels roulants en termes de ventes.

JPMorgan évalue que le besoin en capital d'Alstom pour conclure un rapprochement avec Siemens pourrait atteindre 4,5 milliards d'euros, ce qui pourrait être partiellement ou totalement financé par une prise de participation importante de Siemens dans le groupe français.

En Bourse, l'action Alstom a bondi de 4,12% vendredi, pour clôturer à 33,005 euros. A ce niveau de cours, le groupe est valorisé 7,27 milliards d'euros.

A Francfort, à l'inverse, le titre Siemens a cédé 0,77% à 116,55 euros.

(Dominique Rodriguez, Jean-Baptiste Vey, Alexander Hübner, avec Benjamin Mallet, édité par Yves Clarisse)