Alstom chute en Bourse, menace de lourdes amendes aux USA

Alstom a chuté en Bourse jeudi, les investisseurs craignant que le spécialiste des infrastructures électriques et ferroviaires se trouve sous la menace de lourdes amendes aux Etats-Unis dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption qui s'étend à plusieurs pays d'Asie. /Photo prise le 6 novembre 2013/REUTERS/Philippe Wojazer

par Natalie Huet et Aruna Viswanatha

PARIS/WASHINGTON (Reuters) - Alstom a chuté en Bourse jeudi, les investisseurs craignant que le spécialiste des infrastructures électriques et ferroviaires se trouve sous la menace de lourdes amendes aux Etats-Unis dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption qui s'étend à plusieurs pays d'Asie.

Le groupe français a fait savoir qu'il coopérait avec la justice dans ce dossier, jugeant prématuré de spéculer sur l'issue de l'enquête ou de tenter d'évaluer financièrement un éventuel règlement. Un porte-parole du département américain de la Justice s'est refusé à tout commentaire.

Selon des documents judiciaires dont Reuters a pris connaissance, et qui ont été divulgués en premier par Bloomberg, le Département américain de la Justice dispose d'éléments tendant à attester qu'un ancien responsable d'Alstom a tenté de corrompre des représentants officiels dans le cadre d'une douzaine de projets en Indonésie, en Inde et en Chine.

Selon des experts judiciaires, une telle affaire pourrait aboutir à des amendes de plusieurs centaines de millions de dollars. Ce dossier fait écho à des affaires comme celle de l'allemand Siemens, concurrent d'Alstom, qui avait accepté de payer 800 millions de dollars en 2008 pour régler à l'amiable un scandale de corruption de portée internationale.

A la Bourse de Paris, l'action Alstom a perdu 4,87% jeudi, la plus forte baisse de l'indice CAC 40.

"Alstom confirme que le groupe coopère avec le DoJ (département américain de la Justice) pour examiner les allégations de conduite inappropriée qui seraient survenues dans le passé", a déclaré une porte-parole du groupe.

PRÉCÉDENTS

Dans un courrier électronique, elle a aussi rappelé l'engagement d'Alstom de mener ses activités "dans le respect rigoureux de toutes les lois et réglementations en vigueur".

"Alstom coopère étroitement, activement et de bonne foi à l’enquête du DoJ. Au cours de nos consultations régulières, le DoJ n’a pas identifié de manquement dans l’étendue et le niveau des efforts actuels de l’entreprise, ni dans sa sincérité", a indiqué par la suite Robert Luskin, principal conseil juridique externe d’Alstom aux Etats-Unis.

"Les discussions avec le DoJ n'ont pas atteint le stade d’un éventuel règlement du dossier. Toute tentative d’estimation du montant d'une possible amende est donc pure spéculation, comme pourrait l’être la comparaison avec d'autres cas récemment réglés", a-t-il ajouté dans un communiqué publié par Alstom.

Alstom a été confronté à des enquêtes pour corruption dans plusieurs pays au cours de la décennie écoulée. En 2011, le groupe avait écopé en Suisse d'une amende de 42 millions de dollars pour négligence dans des dossiers de corruption en Lettonie, en Malaisie et en Tunisie. Il fait aussi l'objet d'une enquête au Royaume-Uni et au Brésil.

L'enquête aux Etats-Unis a jusqu'ici été centrée sur un contrat de 118 millions de dollars en 2007 concernant un projet de centrale électrique à Sumatra, en Indonésie, pour lequel Alstom était en coentreprise avec le japonais Marubeni.

Deux cadres d'une filiale d'Alstom dans le Connecticut ont plaidé coupables et admis avoir versé des pots-de-vin au nom d'Alstom en lien avec ce projet.

(Avec la contribution de Dominique Rodriguez, édité par Jean-Michel Belot)