Alsace : Macron hué et sifflé lors d’un bain de foule à Sélestat

Dialogue compliqué entre Emmanuel Macron et les habitants de Sélestat ce 19 avril 2023, comme lors de cet échange entre le président français et une femme opposée à la réforme des retraites

La première véritable prise de contact entre le président et les Français depuis la promulgation de la réforme des retraites s’est transformée en cacophonie générale autour d’Emmanuel Macron.

POLITIQUE - Débuté comme un chemin de croix, le bain de foule du chef de l’État s’est terminé par de franches poignées de main. « On est là », « Macron démission » ou des refrains de L’internationale, ont accompagné en fond sonore le premier bain de foule d’Emmanuel Macron à son arrivée à Sélestat (Bas-Rhin) ce mercredi 19 avril.

Deux jours après une allocution aussi attendue que critiquée, Emmanuel Macron réalisait ce mercredi son premier déplacement en France depuis la promulgation de la réforme des retraites. Et après un passage déjà animé dans une usine à Muttersholtz, où le courant a été coupé par la CGT, le comité d’accueil était à la hauteur de la colère provoquée par sa gestion de la réforme des retraites.

  

Le président a donc été pris à partie de manière virulente mais relativement courtoise par plusieurs habitants. « On n’en veut pas de ta retraite, qu’est-ce que tu comprends pas là-dedans », lui lance un opposant à la réforme controversée des retraites. « C’est plus une démocratie, l’interdiction de manifester à 10h30 », a aussi dénoncé une femme. « Les mots ont un sens », lui a alors répondu le président.

Un autre s’en est directement pris aux membres du gouvernement : « On n’a jamais vu un président avoir un gouvernement aussi corrompu que le vôtre. Un jour vous allez retomber (...) Vous allez bientôt tomber, vous allez voir ». Contraint de répondre à cette attaque, le chef de l’État lui a répondu qu’il nourrissait « des idées qui ne sont pas justes ».

« Je ne demande pas aux gens de prendre les décisions difficiles à ma place, on va continuer à améliorer les choses sur les conditions de travail », a-t-il répliqué à une jeune femme qui l’interpellait sur les retraites et la pénibilité au travail.

À la fin de cet échange, le président s’est permis d’ajouter : « Ce n’est pas la première fois que j’entends des gens qui râlent après moi, j’ai eu bien pire ».

« J’ai 34 ans, je suis vraiment inquiète. On vous demande une seule chose, un signe d’apaisement, et là vraiment on ne le voit pas », lui a encore dit cette femme.

« Tenez bon »

Par la suite, le président a toutefois pu échanger de manière un peu plus calme avec des habitants, malgré les « Macron démission » qui n’ont que rarement cessé durant cette sortie au contact de la foule.

Certains habitants lui ont d’ailleurs exprimé leur soutien. « Tenez bon », a lancé un homme âgé au chef de l’État, qui lui a répondu « ne vous inquiétez pas ».

« Il y a des gens qui ne sont pas contents, je ne vais pas ne pas aller au contact parce qu’il y a des gens qui ne sont pas contents. Il faut que tout le monde s’exprime librement », a ensuite affirmé Emmanuel Macron

Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron s’était déjà exprimé sur la colère sociale qui traverse le pays depuis la mise en chantier du projet de réforme des retraites. « Ce n’est pas les casseroles qui feront avancer la France », avait-il alors répondu aux journalistes dans une usine spécialisée dans les constructions en bois. Il avait même assuré que « la réalité de tout le pays, ce n’est pas seulement ceux qui font du bruit avec des casseroles ou qui râlent. »

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