Alpinistes disparus au mont Blanc: combien de temps peuvent durer les recherches

Dans la nuit de dimanche à lundi 5 août, une chute de sérac a emporté plusieurs personnes lors de l'ascension du mont Blanc. Au moins une personne a été tuée et deux alpinistes allemands sont toujours portés disparus.

"Tant qu'on peut, on ne s'arrêtera pas". Deux alpinistes allemands sont toujours portés disparus ce mardi 6 août, dans le massif du Mont-Blanc, où une personne a été tuée et quatre blessées dans une chute de sérac, un énorme bloc de glace détaché du glacier, la veille.

Les recherches pour les retrouver peuvent durer "très très longtemps", explique à BFMTV.com Éric Mesnier, ancien gendarme du PGHM (Peloton de Gendarmerie de haute montagne), qui parle de "plusieurs semaines".

Toutefois, en raison des conditions dangereuses pour les secouristes et du risque de suravalanche, les recherches de terrain ont été suspendues. En outre, ce mardi matin, l'hélicoptère qui devait faire de nouveaux survols de la zone était mobilisé par un autre secours dans la région.

Éric Mesnier le confirme: on se trouve dans une "situation exceptionnelle" qui relève du "rarement vu" en termes de difficultés pour les secours.

"Tant qu'on peut (poursuivre les recherches des disparus, NDLR), on ne s'arrêtera pas", assure Éric Mesnier, qui indique toutefois que de nombreux facteurs entrent en jeu dans la prise de décision.

Actuellement, les secouristes s'affairent à localiser l'endroit où les deux personnes portées disparues peuvent se trouver. "Il y a un travail de recoupement d'informations pour savoir où ils se trouvaient dans la cordée et également de la cartographie pour avoir des indications de la zone où ils ont pu être embarqués", détaille le spécialiste.

"C'est la dangerosité qui peut arrêter la recherche", ajoute Éric Mesnier, comme en témoigne l'actuelle absence de recherche au sol. Il s'agit ainsi de vérifier "l'état du sérac avec des glaciologues" et d'évaluer les risques de nouvelles chutes de glace et de neige sur la zone déjà sinistrée.

"On est dans une situation exceptionnelle avec un accident de très haute altitude, c'est comme un immeuble de glace qui est tombé avec des blocs qui pèsent des tonnes", décrit l'ancien secouriste.

La zone concernée est donc très difficile d'accès et dangereuse pour les équipes de secours.

Éric Mesnier estime qu'il est très important de ramener les corps après un tel drame car c'est essentiel dans le processus de deuil. Néanmoins, lorsqu'il y a, selon lui, très peu de chance de survie pour les disparus et, comme ici, "dans la situation la plus extrême possible", les secours peuvent être amenés à se poser la question du bénéfice/risque.

"Quand il y a trop de danger, à un moment, où on se demande si ça vaut le coup de continuer", dit-il.

"Ce sont des cas extrêmement rares, mais on peut lever le dispositif s'il y a trop de risque", poursuit-il, notamment si on n'a pas identifié de zone précise et certaine où se trouvent les corps, ou si cette dernière a déjà été fouillée. "Des fois, on peut arriver au stade où on se dit que la montagne nous rendra les corps", explique l'ancien gendarme.

En outre, les équipes de secours sont obligées d'agir en fonction des priorités. Après la chute de sérac, "la priorité est sur ce secours, on fait le max et on met tous les moyens dessus", raconte Éric Mesnier, qui parle de "montée en puissance".

Alors que les heures passent et que les chances de retrouver des alpinistes vivants s'amenuisent, les secouristes doivent "se réarticuler". "Aujourd'hui, ce n'est plus tout de suite la priorité", confie-t-il, expliquant que les moyens comme les hélicoptères, les secouristes et toute la logistique doivent pouvoir être redéployés rapidement sur une autre opération d'urgence.

Article original publié sur BFMTV.com