Alors que s’ouvre le procès du RN, Jean-Marie Le Pen chante avec des néonazis

Jean-Marie Le Pen a chanté avec un groupe néonazi samedi 28 septembre à son domicile.
Jean-Marie Le Pen a chanté avec un groupe néonazi samedi 28 septembre à son domicile.

POLITIQUE - Jean-Marie Le Pen n’en a pas fini avec ses vieux démons. Le patriarche de l’extrême droite, fondateur du Front national dont il est longtemps resté la figure tutélaire et même le président d’honneur, a été filmé le samedi 28 septembre à son domicile de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) en compagnie de musiciens d’un groupe de rock néonazi baptisé Match Retour. Révélées par le journal en ligne Mediapart, ces images ont aussitôt suscité l’indignation.

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Surtout, elles arrivent au moment où le natif de la Trinité devait comparaître devant le tribunal dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires. Il est mis en examen pour détournement de fonds publics et complicité mais, à 96 ans, a été jugé inapte à s’exprimer devant la justice, comme en attestent deux certificats médicaux. Ses facultés cognitives seraient altérées. Mais alors, comment a-t-il pu se retrouver à jouer le choriste avec une brochette de néonazis ?

La vidéo ne laisse aucune place au doute : Jean-Marie Le Pen entonne distinctement la chanson Fanchon (très appréciée des nostalgiques de l’Ancien régime), qu’il chante vigoureusement, main sur le cœur et ne semblant avoir oublié aucune des paroles.

« Une altération des facultés cognitives empêcherait donc Jean-Marie Le Pen d’être entendu dans le cadre du procès qui doit faire toute la lumière sur le pillage des ressources publiques par une obscure PME sise à Saint-Cloud, qu’il a naguère présidée. Tout porte à croire que c’est faux », pointe le député de La France insoumise Arnaud Saint-Martin.

Plus loin dans la vidéo mise en ligne, Jean-Marie Le Pen sourit au moment où ses comparses reprennent une chanson spécialement écrite pour lui. « Je vais t’faire courir le rouquin, je vais t’rattraper, t’iras pas bien loin », dit le refrain, en référence aux propos tenus par le fondateur du FN en 1997 lors d’un déplacement à Mantes-la-Jolie (il avait ensuite ajouté : « Pédé »). La chanson se termine par : « Jeanne au secours ! ». Un cri qu’il avait poussé en 2015, devant la statue de Jeanne d’Arc.

« Le Pen toujours fidèle aux racines nazies »

« Ce tout nouveau morceau est à la gloire de notre illustre Jean-Marie Le Pen. Il mérite tellement une chanson de son vivant », avait déclaré Renaud Mannheim, leader du groupe, en juillet. Sur son compte Facebook, épluché par Mediapart, l’homme a écrit peu après la rencontre de samedi : « On a fait quelques chants. Jean-Marie voulait des chansons joyeuses. On a notamment fait “Au 31 du mois d’août”. » Un chant marin qui glorifie l’artillerie française.

Ces révélations ont naturellement provoqué l’incompréhension et la colère. Le député LFI Raphaël Arnault a publié sur son compte X une photo des membres du groupe en question. Six hommes vêtus de noir apparaissent en tenue de cuir, cagoule noire sur la tête et batte de baseball en main. « Voici le groupe néonazi, dont plusieurs responsables ont été jugés pour des faits de violences et de trafic d’armes, qui a été accueilli chez Le Pen. S’approchant de plus en plus du pouvoir, offert sur un plateau par Macron, ils ne font même plus semblant », s’indigne ce porte-parole de la Jeune Garde antifasciste. « Hier, Marine Le Pen félicitait la victoire d’un parti fondé par des nazis en Autriche, aujourd’hui on apprend que Jean-Marie Le Pen chante chez lui avec des néonazis. La famille Le Pen toujours fidèle aux racines nazies du Rassemblement national », s’agace aussi son collègue Thomas Portes.

Marine Le Pen, à qui Mediapart a appris la nouvelle, a déjà annoncé son souhait de déposer une « plainte pour abus de faiblesse » contre le groupe de rock néonazi « et contre les personnes qui ont permis à ces musiciens de rentrer au domicile » de son père. Sur les images, Jean-Marie Le Pen apparaît tout sourire, assis sur son fauteuil, une canne à la main. Autour de lui, sa femme, Jany Paschos-Le Pen, ainsi que Thomas Joly, président du Parti de la France, mouvement pétainiste et nationaliste né en 2009 d’une scission du Front national. Ce dernier confie au journal d’investigation « qu’il s’agissait d’une visite amicale dans un cadre strictement privé. Le groupe “Match Retour” a écrit une chanson sur Jean-Marie Le Pen et ils sont venus là lui chanter en version acoustique ».

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