Allocution Macron: "Allo CSA?", l'opposition dénonce un discours de candidat

"On a l’impression de participer à une primaire dont il serait le seul candidat", a pointé Jean-Luc Mélenchon qui réclame "de la loyauté".

POLITIQUE - Ce n’était pas une allocution ordinaire. À cinq mois de la présidentielle, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé ce mardi 9 novembre lors d’une demi-heure d’allocution enregistrée à l’Élysée et retransmise sur de nombreuses chaînes de télévision.

Sauf que loin d’annoncer un confinement, un deuxième confinement, un assouplissement des règles ou la mise en place du pass sanitaire, le président s’en est servi pour faire le bilan de sa mandature et se projeter vers une nouvelle éventuelle, sans se déclarer ni le dire officiellement.

Il n’en fallait pas tant pour réveiller les oppositions qui, sans se concerter, ont toutes tiré dans la même direction. “27 minutes de discours chrono en main. Un tiers du temps dans un rôle de président qui s’adresse sur la crise sanitaire et deux tiers du temps utilisé comme candidat en campagne”, a tweeté le député LR Julien Dive, avant d’interpeller directement le CSA, gendarme de l’audiovisuel chargé du décompte des temps de parole des candidats. “Allo CSA, pensez à mettre à jour votre décompte des temps de parole”, a suggéré ce soutien de Xavier Bertrand au congrès du parti.

“Il y a eu clairement une instrumentalisation de la crise Covid pour faire un discours de campagne puisque on l’a bien vu, Emmanuel Macron est candidat, et il utilise tous les moyens de la République pour faire campagne”, a dénoncé Valérie Pécresse au micro de France Inter ce mercredi 10 novembre.

“Il a fait une tentative de hold-up sur les idées de la droite: le travail, le nucléaire, les retraites... mais c’est encore une fois voué à l’échec”, a-t-elle ajouté.

Emmanuel Macron s’est offert un 20 heures, avec l’argent des Français et sur le dos de la crise sanitaireEdwige Diaz, membre du bureau exécutif du Rassemblement national

“J’ai entendu le discours d’un candidat en campagne électorale, dans un meeting de 27 minutes retransmis sur toutes les chaînes de télévision”, déplore quant à elle Edwige Diaz, membre du bureau exécutif du Rassemblement national qui estime que la principale annonce sanitaire, le conditionnement d’une dose de rappel au pass sanitaire des plus de 65 ans, aurait pu revenir au ministre de la Santé Olivier Véran. “Sauf qu’il avait annoncé au mois d’août qu’il serait valide sans troisième dose”, a-t-elle rappelé avant d’ajouter: “Emmanuel Macron s’est offert un 20-Heures, avec l’argent des Français et sur le dos de la crise sanitaire”.

La gauche n’est pas en reste. Fabien Roussel, candidat déclaré du parti communiste à la présidentielle, préfère jouer la carte de l’ironie, tout en appuyant sur les propos qui pourront plaire à la droite comme ceux sur la “valeur travail” du président lors de cette allocution. “Ce soir, c’est l’acte 2 de la primaire de la droite! Le même qu’hier sans le débat!”, estime le député du Nord.

Mélenchon réclame “de la loyauté”


Jean-Luc Mélenchon ne “dénonce pas” cette pratique, “il a le droit”, mais réclame de la “loyauté”. “Macron est président-candidat et candidat-président”, décrit le chef de file de La France insoumise, qui estime sur BFMTV que le chef de l’État “met en cause la loyauté de l’élection présidentielle”. Le candidat insoumis a déploré, comme son homologue communiste, le manque de contradiction de ce genre d’intervention sans filtre.

“On a l’impression de participer à une primaire dont il serait le seul candidat”, a poursuivi le candidat insoumis qui parle d’une énormité et se dit “assez amer de voir ça”.

À voir également sur Le HuffPost: Retrouvez l’intégrale du discours de Macron du 9 novembre 2021

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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