Allemagne: Un obstacle en moins sur la voie de la coalition

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière allemande Angela Merkel et son allié bavarois, l'Union chrétienne-sociale (CSU), ont trouvé un compromis dimanche sur les migrants. /Photo d'archives/REUTERS/Johannes Eisele

par Andreas Rinke et Madeline Chambers BERLIN (Reuters) - L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière allemande Angela Merkel et son allié bavarois, l'Union chrétienne-sociale (CSU), ont trouvé un compromis dimanche sur les migrants, a-t-on appris dans les rangs conservateurs, préalable à la formation d'un gouvernement de coalition avec d'autres partis politiques. L'accord de compromis, selon lequel l'Allemagne accepterait 200.000 personnes pour des raisons humanitaires, est intervenu dimanche soir après sept heures de discussions entre les dirigeants des deux formations conservatrices alliées. Angela Merkel a remporté les élections législatives du 24 septembre mais elle entame son quatrième mandat affaiblie par la nette baisse du bloc CDU-CSU et la percée du parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne). Pour gouverner, elle envisage de constituer une alliance entre son bloc conservateur, les libéraux du Parti libéral-démocrate (FDP) et les écologistes (Les Verts). Cette coalition "Jamaïque" - les couleurs distinctives des trois partis, le noir pour la CDU-CSU, le jaune pour le FDP et le vert pour les écologistes, forment le drapeau jamaïcain - est expérimentée dans le land du Schleswig-Holstein depuis les élections régionales du mois de mai mais n'a jamais été tentée au niveau fédéral. Or, ces trois partis ont des vues divergentes sur un grand nombre de sujets, de la fiscalité à l'énergie, en passant par l'Europe. PAS DE "PLAFOND" Mais il fallait d'abord qu'Angela Merkel trouve un accord sur la question des flux migratoires avec son allié de la CSU, avec qui la CDU gouverne depuis des années mais qui est beaucoup plus conservatrice. La Bavière représente 15% de la population allemande. La CSU reproche à Angela Merkel d'avoir ouvert les frontières de l'Allemagne aux réfugiés en 2015, lesquels sont arrivés pour l'essentiel par la Bavière. Depuis, la CSU, qui redoute de perdre de nombreuses voix au profit de l'AfD lors des élections en Bavière de 2018, s'est fait le porte-parole de la limitation du nombre de migrants. Le parti bavarois insistait pour limiter le nombre d'étrangers arrivant en Allemagne à 200.000 par an. Angela Merkel avait jusqu'ici exclu de fixer un plafond, arguant que la Constitution allemande garantit à quiconque le droit de demander l'asile en cas de persécution politique. Selon le compromis trouvé dimanche, l'Allemagne accueillera environ 200.000 réfugiés par an pour des raisons humanitaires, et notamment les familles des étrangers déjà présents en Allemagne. Toutefois, le mot de "plafond" n'est pas prononcé et les personnes à la frontière ne seront pas renvoyées. Cet objectif chiffré semble réalisable. Le nombre de personnes entrées en Allemagne est tombé de 890.000 en 2015 à environ 280.000 l'an dernier. Ce nombre devrait à nouveau être en baisse pour l'année 2017. En outre, les deux partis alliés ont prévu de faire voter une loi qui donnerait la priorité aux migrants ayant des formations correspondant à des postes non pourvus en Allemagne. Le FDP et les Verts sont d'accord avec cette philosophie. L'enjeu est d'autant plus important que le chef de la CSU Horst Seehofer joue sa survie politique. Son parti est tombé à 6,2% des voix au niveau national contre 7,4% en 2013. (Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)