Allemagne: Un dirigeant CDU met en doute la fiabilité du SPD

BERLIN (Reuters) - Un membre influent de l'Union chrétienne démocrate (CDU), le parti d'Angela Merkel, a invité vendredi la chancelière allemande à composer un gouvernement minoritaire plutôt que de maintenir l'alliance avec les sociaux-démocrates (SPD) qui, selon lui, ne sont pas des partenaires de coalition fiables.

Merkel a bouclé la semaine dernière un programme de gouvernement et s'est assurée un quatrième mandat à la chancellerie après avoir fait d'importantes concessions au SPD, à qui elle a notamment cédé le ministère des Finances et celui des Affaires étrangères.

Des membres du CDU ont fait part de leur mécontentement, estimant que Merkel était allée trop loin dans les compromis pour obtenir un nouvel accord de "grande coalition".

L'accord a provoqué aussi de profondes divergences au sein du SPD, dont la cote de popularité est en chute dans les sondages, et poussé Martin Schulz à démissionner de la présidence du parti après avoir renoncé au portefeuille des Affaires étrangères qui lui était réservé.

"Le climat désastreux qui règne au SPD n'apporte pas les garanties de confiance nécessaires à un gouvernement de coalition", a affirmé le secrétaire général du puissant Conseil économique du CDU.

"Si le SPD ne règle pas la situation rapidement, les conservateurs devront se demander si un gouvernement minoritaire n'apporte pas plus de stabilité à l'Allemagne qu'une grande coalition", a ajouté Wolfgang Steiger dans un entretien aux journaux du groupe Funke.

Merkel, qui a reconnu avoir dû faire des concessions "douloureuses" en accordant le portefeuille des Finances au SPD, a rappelé qu'un ministre "ne fait pas ce qu'il veut" et qu'il doit appliquer le programme convenu entre conservateurs et sociaux-démocrates.

L'Allemagne devra probablement organiser de nouvelles élections législatives si les membres du SPD rejettent l'accord de "GroKo", a ajouté la chancelière.

Le programme de gouvernement, négocié pour les quatre années à venir par les dirigeants du SPD et ceux du bloc conservateur CDU-CSU, dépend désormais des 464.000 adhérents du SPD, qui doivent voter par courrier à partir du 20 février pour dire s'ils l'approuvent ou non.

Les résultats du vote seront connus le 4 mars.

De nouvelles élections ne sont pas souhaitées par l'alliance, de crainte de voir une nouvelle progression du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a fait son entrée au Parlement en septembre dernier.

(Joseph Nasr avec Andreas Kenner, Jean Terzian pour le service français)