C'est le genre d'élection où l'on parle davantage des perdants que des gagnants. Samedi, les militants du Parti social-démocrate allemand (SPD, gauche) ont désigné leur nouveau président, ou plutôt, parité oblige, leurs présidents : un binôme, composé de Norbert Walter-Borjans et Saskia Esken, qui l'a emporté confortablement (53% des voix). Respectivement ancien ministre des Finances de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et députée du Bade-Wurtenberg, ils incarnent l'aile gauche du parti. Ils étaient soutenus par les remuants jeunes socialistes, mais aussi par la branche allemande de Fridays for Future, mouvement proclimat très suivi outre-Rhin.
Vers une renégociation tendue de l'accord SPD-CDU?
Mais ce résultat est surtout la défaite d'un homme, Olaf Scholz, et le désaveu d'une stratégie, l'alliance avec la CDU (droite) pour gouverner le pays. Depuis mars 2018, Scholz est le ministre des Finances et le vice-chancelier d'Angela Merkel, qui, par ricochet, est aussi la grande victime de la journée de samedi.
La chancelière pourrait vite se retrouver dans une situation intenable : Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans veulent renégocier l'accord conclu entre le SPD et la CDU l'année passée. Les militants doivent d'ailleurs se prononcer à ce sujet lors du congrès du parti la semaine prochaine à Berlin. En cas de rejet, les jours de l'exécutif allemand pourraient être comptés.