Allemagne : les répercussions politiques de l'attaque au couteau de Solingen
C'est la mine sombre et à mots pesés que le chancelier Olaf Scholz s'est adressé aux médias ce lundi, après avoir rendu hommage aux victimes de l'attentat de Solingen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. "C'était du terrorisme, du terrorisme contre nous tous. […] Et c'est quelque chose que nous n'accepterons jamais", a-t-il déclaré.
Revendiquée par l'Etat islamique, cette attaque au couteau a fait trois morts et huit blessés vendredi soir lors d’un festival célébrant le 650ème anniversaire de la ville.
Elle va pousser le gouvernement à durcir la législation sur les armes et remettre la politique migratoire au centre des débats. "Il va bien sûr falloir renforcer la réglementation sur les armes en vigueur en Allemagne. Cela s'applique en particulier à l'utilisation des couteaux, mais aussi à de nombreuses autres choses qui doivent être réglementées" a déclaré le chancelier allemand. "Nous devrons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ceux qui ne peuvent pas et ne sont pas autorisés à rester en Allemagne soient rapatriés et expulsés."
Related
Allemagne : le suspect de l'attaque de Solingen a été transféré à Karlsruhe
Allemagne : montée de l'extrême droite avant les élections régionales en Thuringe
Une crainte de la montée de l'extrême-droite
De nombreux politiques d'autres partis politiques appellent eux-aussi à des expulsions plus rapides de migrants déboutés de droit d'asile et à une interdiction ferme dans l'espace public de couteaux dont les lames font plus de 6 cm.
L'évènement pourrait également avoir une influence sur deux élections clés dans les Länder de Thuringe et de Saxe à la fin de la semaine, qui s’annoncent marquées par une forte progression de l’extrême droite. Les sondages cités par la Deutsche Welle créditent l'Alternative für Deutschland de 30 à 34% des intentions de vote, le parti d'extrême droite pourrait donc y devenir la première force politique.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung décrit plusieurs rassemblements dans la soirée de dimanche : l'un de la Junge Alternative, l'organisation de jeunesse du parti d'extrême-droite AFD, un autre contre cette même manifestation. Et plus d'une centaine de citoyens se sont aussi rassemblés devant un centre d'hébergements pour réfugiés, un bâtiment où aurait vécu le suspect syrien, car ils craignaient une attaque xénophobe contre le lieu et ses habitants actuels.
Une accélération des expulsions depuis 2022
En octobre dernier, le chancelier social-démocrate avait déjà annoncé vouloir expulser "à grande échelle" les demandeurs d'asile déboutés, loin de la vision exposée en 2017 par l'ancien maire de Hambourg dans son livre "Hoffnungsland" (Terre d'espoir), dans lequel il expliquait les chances que représentait l'immigration pour une Allemagne vieillissante.
Depuis ce virage, les expulsions ont bondi de 30 % cette année, et de plus de 60 % depuis 2022. "Nous allons regarder de très près comment augmenter encore ces chiffres, si nécessaire par des réglementations", a déclaré Olaf Scholz.